La race des rhinocéros blanc éteinte ? C'est faux, même si l'espèce est en grand danger
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- Publié le 22 mars 2018 à 12:30
- Mis à jour le 22 mars 2018 à 17:48
- Lecture : 3 min
- Par : Guillaume DAUDIN, Tristan MCCONNELL
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Comme souvent, des articles très partagés sont faux dans leur titre tout en ayant un contenu correct. C'est le cas de cet article rediffusé plus de 2.000 fois sur Facebook selon l'outil de mesure des réseaux sociaux Crowdtangle, et qui après avoir dit que "le dernier rhinocéros blanc était mort" et que la race "était désormais éteinte", rappelle qu'il reste des femelles encore en vie et qu'il existe d'autres rhinocéros dans le monde, y compris des rhinocéros blancs.
Sudan, le dernier mâle rhinocéros blanc du Nord, est mort au Kenya à l'âge de 45 ans ces derniers jours. L'annonce a été faite par ses gardiens mardi.
Quand Sudan est né en 1973 dans le parc national de Shambe au Soudan du Sud, il y avait encore 700 rhinocéros blancs du Nord sur la planète. A sa mort, il ne reste plus que deux femelles en vie, Najin et Fatu, toutes deux incapables de se reproduire.
Dans leur milieu naturel, les rhinocéros n'ont que peu de prédateurs, en raison de leur taille et de leur peau épaisse. Mais de prétendues vertus médicinales attribuées en Asie à leur corne ont alimenté dans les années 70 et 80 un braconnage implacable qui a largement décimé l'espèce. Un kilogramme de corne de rhinocéros se négocie plusieurs dizaines de milliers de dollars sur le marché noir en Chine et au Vietnam.
Les territoires traditionnels du rhinocéros blanc du Nord - Centrafrique, Tchad, République démocratique du Congo (RDC), actuel Soudan du Sud - ont longtemps été en proie aux conflits et donc propices aux activités criminelles, dont le braconnage.
La dernière population sauvage de la sous-espèce comprenait entre 20 et 30 individus en RDC et elle a disparu dans les combats à la fin des années 90 et au début des années 2000. En 2008, le rhinocéros blanc du Nord était déjà considéré comme éteint à l'état sauvage.
Si la mort de Sudan accélère encore le phénomène de disparition des rhinocéros blancs en Afrique centrale, il reste encore quelque 20.000 rhinocéros blancs du Sud en Afrique orientale et australe, selon une estimation de 2016 du Fonds mondial pour la nature (WWF).
Les chances de perpétuation de la sous-espèce reposent désormais sur les travaux des scientifiques qui ont prélevé le matériel génétique de Sudan et d'autres rhinocéros blancs du Nord et tentent de développer des techniques de fécondation in vitro.
L'idée est de féconder les œufs prélevés sur Najin et Fatu, les deux femelles vivantes, avec des spermatozoïdes de plusieurs mâles blancs du Nord, stockés à Berlin, et d'implanter les embryons, qui seront conçus dans un laboratoire italien, dans l'utérus de femelles rhinocéros blancs du Sud.
Même en cas de succès, l'habitat naturel du rhinocéros blanc du Nord est pour l'heure trop dangereux pour qu'il y soit réimplanté. Mais pour Samuel Mutisya, directeur des programmes de conservation à Ol Pejeta, l'espoir subsiste.
Et d'interroger : "Cela va prendre de nombreuses années pour reconstruire une population substantielle de rhinocéros blancs du Nord, et qui sait comment sera la Centrafrique dans 10 ans?".
EDIT: jeudi 22/03, ajout du nom de l'auteur principal de l'article, Tristan McConnell