La France absente d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU évoquant le Cameroun ? C'est faux
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- Publié le 19 décembre 2019 à 18:48
- Mis à jour le 19 décembre 2019 à 18:53
- Lecture : 4 min
- Par : Guillaume DAUDIN, Valérie LEROUX
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Lors de la séance des questions au gouvernement du 17 décembre, M. Nadot s'est adressé à Jean-Yves Le Drian au sujet de la situation sécuritaire au Cameroun, où se déroule depuis plus deux ans un conflit meurtrier ayant fait plus de 3.000 morts et qui oppose l'armée à des séparatistes.
Dans une relance, le parlementaire affirme ce qui suit :
"Regardons ce que fait la France aujourd'hui. La scène se déroule le 6 décembre lors d'un Conseil de sécurité des Nations Unies à New York. L'escalade de la violence au Cameroun est à l'ordre du jour et la France n'est pas présente. Elle offre la chaise vide. La faute est grave (...). Nous avons une dette morale et politique envers le Cameroun."
On entend une contestation, sans que l'on voie son auteur, et M. Nadot poursuit "Il y a une vidéo hein..." avant d'être interrompu par le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand.
Voici la scène :
.@Sebastien_Nadot (NI) attire l'attention du Gvt sur la situation d'Amadou Vamoulké, ancien directeur de la chaîne Cameroon Radio Television, emprisonné depuis 3 ans au Cameroun et dont l'état de santé s'est considérablement détérioré. #DirectAN #QAG pic.twitter.com/MXDQWwS10a
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) December 17, 2019
A plusieurs reprises, sur son compte Twitter, M. Nadot a répété l'accusation, comme le 17 décembre où il évoque une "absence remarquée" de la France.
La veille, pourtant, il écrivait une lettre publiée sur Twitter à Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France aux Nations Unies, dans laquelle il était plus nuancé : "Des 5 membres du Conseil de sécurité, seule la France n'a exprimé aucune position lors de cette réunion -- il semble même qu'aucun membre de la représentation française n'était présent."
Si l'intervention a eu un écho limité en France, elle a été reprise par RFI mais aussi par des médias et sites camerounais comme l'Agence Cameroun presse, Chateau News, l'Agence d'information d'Afrique centrale, le Journal du Cameroun.
RFI a cité une réponse du ministère français des Affaires étrangères selon lequel "contrairement aux déclarations du député Sébastien Nadot, la France était bien représentée le 6 décembre dernier à la séance du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée notamment au Cameroun."
La France était représentée
Contrairement à ce qu'affirme M. Nadot, la France était bien représentée à cette réunion.
Dans le procès verbal de la réunion disponible en accès libre sur le site de l'ONU, le nom de Mme Anne Guéguen apparaît parmi les présents : elle est la représentante permanente adjointe de la France à l'ONU.
On la voit à au moins deux reprises dans la vidéo de la réunion diffusée par l'ONU.
Vers la fin de la réunion, qui a duré 1h30, on aperçoit le siège de la France occupé cette fois par un homme qui est vraisemblablement Wadid Benaabou, coordinateur adjoint du Conseil de sécurité pour la délégation française, que l'on aperçoit plus tôt dans la vidéo à plusieurs reprises derrière Mme Gueguen.
En principe, il n'est pas possible qu'une réunion du Conseil de sécurité se tienne sur n'importe quel sujet avec le siège d'un membre vide : il y a toujours un représentant de chaque mission.
Mme Gueguen s'est-elle exprimée ?
M. Nadot s'est peut-être basé sur le compte-rendu de la réunion diffusé par l'ONU, dans lequel le nom de Mme Gueguen n'apparaît pas. Elle ne s'est en effet pas exprimée pendant la réunion, mais selon une source diplomatique, elle "est intervenue lors des consultations à huis clos qui ont suivi".
"Notre représentante permanente adjointe a assisté à toute la séance publique du 6 décembre 2019", a confirmé à l'AFP le Quai d'Orsay.
"Il y a bien quelqu'un présent au siège "France". Il y a une partie publique dans la salle, puis des consultations. On n'est pas intervenu dans la partie publique, mais il y a eu une intervention française pendant les consultations", a précisé le Quai, assurant que la réunion portait sur l'Afrique centrale - et pas uniquement sur le Cameroun -, et que la France, en général, n'intervenait pas en séance publique quand elle est déjà intervenue les jours précédents sur le sujet.