Non, inhaler les flatulences de son partenaire n'allonge pas l'espérance de vie

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 20 décembre 2019 à 17:50
  • Lecture : 2 min
Un article du site de clickbait OhMyMag publié le 16 décembre et partagé plusieurs milliers de fois sur Facebook affirme que "sentir les pets de votre partenaire pourrait rallonger votre espérance de vie". C'est faux : l'étude sur laquelle l'article se base ne dit absolument pas cela.

"D'après des scientifiques, le fait de sentir les pets de son partenaire serait bénéfique pour la santé. Renifler des flatulences permettrait en effet de rallonger considérablement votre espérance de vie" écrit OhMyMag, un site internet à la tête d'un réseau de pages Facebook fortes de plusieurs millions d'abonnés cumulés. Une vidéo a même été réalisée pour raconter cela.

Le site prête aussi des propriétés anti-cancer, anti-crise cardiaque et anti-accident vasculaire cérébral.

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Capture d'écran de publications Facebook erronées, le 20 décembre 2019

Il prétend se baser sur une "étude publiée dans le journal Medicinal Chemistry Communications" réalisée par des "chercheurs de l'Université d'Exeter en Angleterre" et qui a abouti à la création d'un nouveau composé artificiel, AP39, qui reproduirait l'effet positif des flatulences sur les cellules.

Ce n'est pas le premier à se tromper sur le sujet : 20 minutes, Femme ActuelleConsoGlobe.com, TopSanté.com ou PasseportSante.net ont aussi diffusé la même affirmation par le passé, comme plusieurs sites anglophones. 

Il suffit pourtant de taper "Exeter AP39" sur Google pour trouver rapidement des vérifications anglophones ou francophones démentant l'information, et surtout le communiqué de presse, datant de juillet 2014, intitulé "Le gaz à l'odeur d'oeuf pourri détient la clé pour des thérapies".

Ce communiqué, citant le professeur Matt Whiteman de l'Université d'Exeter, explique le procédé : "Quand les cellules commencent à être stressées par une maladie, elles se fournissent en enzymes pour générer de minuscules quantité de sulfure d'hydrogène. Cela permet à la mitochondrie", des petites structures à l'intérieur des cellules qui jouent un rôle de "centrale énergétique" en transformant le sucre et l'oxygène en énergie, "de se maintenir à flot et donc aux cellules de vivre."

"Si cela ne se produit pas, les cellules meurent (...). Nous avons exploité ce phénomène naturel en fabriquant un composé, appelé AP39, qui diffuse lentement de très petites quantités de ce gaz spécifique pour la mitochrondrie. Nos résultats indiquent que si les cellules sont traitées avec l'AP 39, les mitochrondries sont protégées et les cellules restent vivantes."

Aucune mention de l'inhalation et encore moins de ses éventuels effets positifs ne figure dans le communiqué.  

Mais suite à de nombreux articles avec des interprétations de l'étude erronées, l'Université d'Exeter a rajouté entre novembre et décembre 2015 une "note des auteurs de l'étude" : "A la lumière de titres trompeurs sur le communiqué de presse ci-dessus, les auteurs soulignent que ni les études, ni le communiqué de presse les accompagnant, ne font une quelconque référence au cancer ou plus généralement à des bénéfices en matière de santé provenant de l'inhalation de sulfure d'hydrogène. La recherche en est à un stade  du développement du composé et n'a pas encore été essayée sur des humaines".

L'erreur vient peut-être du fait que les flatulences contiennent bien du sulfure d'hydrogène responsable de leur côté malodorant, comme l'expliquait cette étude de 1998 portant sur leur composition.

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