La présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen et la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, à Rome, en Italie, le 20 juin 2025. (AFP / ALBERTO PIZZOLI)

Non, Giorgia Meloni n'a pas annoncé le retrait de l'Italie de l'Union européenne

  • Publié le 5 novembre 2025 à 13:28
  • Mis à jour le 5 novembre 2025 à 13:46
  • Lecture : 4 min
  • Par : Alexis ORSINI, AFP France

Les eurodéputés du parti de Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, avaient voté en juillet 2025 contre la reconduction d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne - ce qui n'avait pas empêché sa réélection. Depuis, des publications très partagées sur les réseaux sociaux prétendent régulièrement, comme c'est à nouveau le cas début novembre 2025, que Giorgia Meloni avait annoncé le retrait de l'Italie de l'Union européenne et exigé la "démission" d'Ursula von der Leyen. Mais c'est faux : la dirigeante italienne n'a fait aucune déclaration publique allant dans ce sens et les procédures de retrait d'un pays de l'UE, de même qu'une démission de la tête de la Commission européenne, relèvent d'un processus légal spécifique.

"MELONI QUITTE l'UE : Elle exige la démission de von der Leyen !", soutiennent des internautes dans des publications mises en ligne sur Facebook (1, 2) et X début novembre 2025, autour du prétendu "coup de tonnerre politique" suscité par la présidente du Conseil italien à l'encontre de la présidente de la Commission européenne. 

"Giorgia Meloni, excédée par les tensions internes, vient d'annoncer le retrait de l'Italie de l'Union européenne dans un geste aussi brutal qu'inattendu. Selon des sources proches du gouvernement, la Première ministre aurait exigé la démission immédiate d'Ursula von der Leyen, qu'elle accuse d’avoir 'trahi les peuples d’Europe'", développent ces textes, accompagnés d'un lien vers un obscur blog nommé "Biz News".   

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Capture d'écran Facebook et croix rouge réalisées par l'AFP le 4 novembre 2025.

Cette rumeur n'est pas nouvelle : mi-octobre, de nombreuses publications Facebook en français (3, 4et en allemand, cumulant des milliers de partages, en relayaient une version légèrement différente, à propos d'un "ultimatum explosif" lancé par Giorgia Meloni à l'Union européenne, ou encore en soutenant qu'elle avait exigé "publiquement la démission d'Ursula von der Leyen lors d'un sommet européen explosif."  

Mais c'est faux : Giorgia Meloni n'a fait aucune déclaration publique quant à une sortie de l'Italie de l'Union européenne et n'a pas non plus appelé la présidente de la Commission européenne à démissionner. 

"Il n'y a pas eu d'annonce du départ de l'Italie ou d'exigence de la démission de la présidente", a confirmé un porte-parole de la Commission européenne à l'AFP le 4 novembre 2025. Contacté par l'AFP, l'entourage de Giorgia Meloni n'avait pas donné suite à nos sollicitations avant la publication de l'article. 

Des procédures au cadre légal bien précis

En outre, comme le détaille le site de référence légale de l'Union européenne, le droit de sortie des Etats membres de l'UE est encadré par l'article 50 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TUE ; lien archivé ici). 

En pratique, pour initier son "retrait volontaire et unilatéral" de l'UE, un Etat membre doit informer le Conseil européen de son intention de le faire. Ce dernier est alors "tenu de fournir des orientations pour la conclusion d'un accord fixant les modalités de retrait de ce pays."

Cet accord est ensuite conclu "au nom de l'UE par le Conseil de l'Union européenne, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen". 

Cet article a été utilisé une seule fois, en 2017, par le Royaume-Uni, qui a effectivement quitté l'UE le le 31 janvier 2020, lors du Brexit.

Par ailleurs, obtenir la démission de la présidente de la Commission européenne devrait passer par un vote, par le Parlement européen, d'une motion de censure adoptée par la majorité absolue des députés, comme le dispose l'article 234 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (lien archivé ici).

Une partie de la rumeur déjà relayée en juillet

Mi-juillet 2025, les eurodéputés du parti de Giorgia Meloni avaient voté contre la reconduction d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, affirmant que sa proximité avec les Verts rendait un soutien "impossible" (lien archivé ici).

Giorgia Meloni, qui avait coopéré avec Ursula von der Leyen au cours de l'année 2025 sur d'importants sujets, comme l'immigration, s'était refusée à dire au préalable comment son parti, Fratelli d'Italia (FDI), voterait.

Quelques jours après la réélection d'Ursula von der Leyen par une alliance de voix de la droite, du centre et de la gauche, une rumeur infondée - vérifiée par nos confrères des Surligneurs (lien archivé ici) - affirmant que Giorgia Meloni avait exigé sa démission, avait déjà circulé sur les réseaux sociaux.

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Giorgia Meloni au siège des Nations unies, le 24 septembre 2025 à New York (Etats-Unis). (AFP / LEONARDO MUNOZ)

Arrivée au pouvoir en octobre 2022 à la tête d'une alliance entre la droite et l'extrême droite, Giorgia Meloni a adopté une politique économique pragmatique, en ligne avec ses homologues conservateurs en Europe, pour redresser les comptes après un dérapage pendant l'épidémie de Covid. 

Le chômage a fortement baissé (de 7,8% en octobre 2022 à 6% au mois d'août 2025) et le gouvernement compte faire passer le déficit public sous les 3% cette année, atteignant les objectifs fixés par la Commission européenne. Près de quinze ans après la crise de la dette italienne de l'été 2011, la troisième économie européenne a ainsi regagné la confiance des marchés et a même commencé à emprunter pour moins cher que la France.

La politique de Giorgia Meloni bénéficie largement des fonds du plan de relance européen, avec 140 milliards de prêts et subventions reçus jusqu'ici, et encore 54 milliards en jeu d'ici août 2026.

Une forte inflation empêche cependant de nombreux Italiens de profiter de cette embellie. Surtout, une croissance anémique (+0,5% prévu cette année) n'augure pas de jours meilleurs. Le pays est freiné par sa faible productivité, des exportations en baisse, et une population vieillissante. L'Italie reste également bien plus endettée que d'autres pays européens comme la France, à 135% du produit intérieur brut (PIB) contre 114% pour sa voisine.

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