
Non, les compagnies low-cost ne prévoient pas d'introduire des "sièges debout" dans leurs avions en 2026
- Publié le 05 juin 2025 à 18:24
- Lecture : 4 min
- Par : Dounia MAHIEDDINE, AFP France
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"Plusieurs compagnies aériennes low-cost viennent d'annoncer qu'elles allaient créer une section debout dans leurs cabines", affirme fin mai 2025 un internaute dans une vidéo TikTok. D'abord choqué, il dit avoir changé d'avis en découvrant les prix évoqués : "entre 1 et 5 euros". Il poursuit : "Dites-vous qu'il y a un monde où vous allez payer plus cher la bouteille d'eau à l'aéroport que votre propre vol. Ça va être une dinguerie, les aéroports vont devenir des gares !"
Sa vidéo, partagée près de 30.000 fois, est loin d'être isolée. Sur Instagram (1, 2), Facebook (1,2) et X (1, 2), des milliers d'autres internautes relayent la rumeur. Certains affirment que ces sièges permettraient d'augmenter la capacité des avions "d'au moins 20%". Une publication virale sur X, vue plus de 3 millions de fois, affirme même que ces sièges entreront en service dès 2026.
"Nous sommes du bétail pour eux", dénonce un autre utilisateur, révolté.
Ces publications font état à tort d'une autorisation de ces sièges par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Certaines évoquent même des commandes passées par Ryanair ou Vueling pour équiper leurs appareils.
L'affirmation a également été reprise par des médias en ligne, certains affirmant qu'une mise en service pourrait intervenir "dès l’année prochaine".
Ces affirmations sont toutefois infondées.

Il existe bien un prototype : le siège "SkyRider", composé d'une assise inclinée et d'un fin dossier, contraint le passager à adopter une position quasiment verticale, ce qui permettrait de gagner plusieurs centimètres entre les rangées. Alors que l'espacement moyen des sièges en classe économique est aujourd’hui d'environ 70 centimètres, la société Aviointeriors, fabricant d'équipements intérieurs pour les avions à l'origine du concept, assure qu'un tel siège pourrait réduire cette distance à 58 cm.
Un ancien prototype mal interprété
L'origine de la rumeur remonte à un article publié le 21 mai 2025 par le tabloïd britannique Daily Mail. L'article cite le compte Instagram aux 2 millions d'abonnés @entrepreneurshipquote, qui affirme en anglais que des "sièges rembourrés de type vélo" permettant aux passagers de s'appuyer sans s'asseoir pourraient être installés dès 2026. Il est précisé qu'Aviointeriors, l'entreprise italienne à l'origine du concept, serait à l’origine de cette innovation. Pourtant, comme le reconnaît l'article lui-même, "aucune compagnie aérienne n'a confirmé vouloir adopter ces sièges".
Face aux rumeurs, la société Aviointeriors a expliqué, dans un post Instagram publié le 23 mai 2025, que "le Skyrider est un prototype conceptuel datant de 2012. Il n'a jamais été conçu pour être pris au premier degré".

Le modèle n'a jamais été certifié ou commercialisé, et ne figure pas dans le catalogue actuel de l'entreprise.
Contactée par l'AFP, l'EASA a confirmé ne pas avoir reçu de demande de certification pour un siège debout, ni observé de cas d'usage pratique : "Une telle installation poserait d'importants défis techniques, notamment en matière d'évacuation d’urgence".
L'agence précise également que le design même des fuselages ne permet pas d'accueillir des passagers debout jusqu'aux hublots. "Toute organisation souhaitant introduire ce type d'aménagement serait confrontée à d'importants défis, tant en matière de reconfiguration des aéronefs que pour démontrer sa conformité aux exigences strictes de sécurité et d’évacuation", explique-t-elle.
Ce n'est pas la première fois que ce concept refait surface. En 2009, Michael O’Leary, le patron de la compagnie à bas coût irlandaise Ryanair, avait déclaré qu'il ne verrait aucun inconvénient à créer des places debout dans les avions, mais prévenu que la décision serait sans doute retoquée par l'Union européenne, pour des raisons de sécurité.
Interrogée le 2 mai 2025 par l'AFP, la compagnie Ryanair a affirmé qu'elle n'envisageait pas l'introduction de ces sièges.
M. O'Leary a par ailleurs suscité la controverse par le passé en suggérant des mesures controversées pour augmenter la capacité des avions telles que taxer les personnes en surpoids ou faire payer l'accès aux toilettes dans ses avions.