Des AirPods 4, en Californie, le 9 septembre 2024. (AFP / NIC COURY)

Non, utiliser des AirPods n'équivaut pas à "porter un micro-ondes" près de son cerveau

Les ondes électromagnétique émises par certains appareils suscitent, chez certains internautes, des inquiétudes quant à leur potentiel effet néfaste sur la santé. Dans ce contexte, un vidéaste affirme, dans une séquence très relayée sur les réseaux sociaux en avril 2025, que l'utilisation d'AirPods équivaut à exposer son cerveau à un mini micro-ondes, car ils fonctionnent sur la même fréquence, de 2,4 GHz. Mais si ces écouteurs sans fil fonctionnent bien sur la même fréquence qu'un four à micro-ondes, ils émettent à un niveau de puissance bien moindre, ont expliqué les différents experts interrogés par l'AFP. De plus, les valeurs limite d'exposition aux ondes radioélectriques en vigueur en France garantissent que les niveaux les plus élevés ne sont jamais atteints dans les conditions normales d'utilisation des appareils émetteurs.

"Laissez tomber les AirPods : voici pourquoi vous devriez y réfléchir à deux fois ! Saviez-vous que les AirPods émettent la même fréquence qu'un micro-ondes ? À 2,4 GHz, ils émettent des fréquences bioactives capables de chauffer les tissus biologiques, sauf que cette fois, c'est votre cerveau qui absorbe le rayonnement !", soutient un internaute dans un message publié sur X le 13 avril 2025. 

Sa publication s'accompagne d'une vidéo - également partagée en coréen sur X début mars 2025 - dans laquelle un homme avance les mêmes propos. 

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Capture d'écran réalisée sur X le 15 avril 2025.

Selon lui, insérer les écouteurs sans fil d'Apple dans ses oreilles reviendrait à "porter un mini micro-ondes à quelques centimètres de [son] cerveau", au motif que ces deux produits émettent sur la même fréquence de 2,4 GHz. 

"C'est la fréquence la plus efficace pour réchauffer votre nourriture. Donc quand vous avez ces mini micro-ondes dans votre tête, ils peuvent avoir le même effet sur votre cerveau, vos tissus et vos organes", développe-t-il, avant de recourir à un détecteur de rayonnements électromagnétiques pour mesure la prétendue "fréquence dangereuse" des AirPods, dont la densité de puissance radio équivaut, sur l'appareil, à 0,709 milliwatts par mètre carré. 

Le vidéaste conclut la séquence en soutenant que "des études montrent d'importantes corrélations avec les tumeurs cérébrales, le brouillard mental, les TDH [Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité], Alzheimer et d'autres maladies neuro-dégénératives". 

Mais il est trompeur de comparer les effets d'un micro-ondes à ceux des AirPods, comme l'ont expliqué les experts interrogés par l'AFP.

"Cela n'a aucun sens", a pointé Wang Sung-sik (lien archivé), professeur de génie électrique et électronique à l'université sud-coréenne Cyber de Hanyang le 8 avril 2025. 

"La lumière naturelle a une fréquence très élevée mais elle n'est pas dangereuse. Ce qui compte, c'est la puissance [d'émission] et si une quantité importante d'énergie est transmise", poursuivait le spécialiste. 

La puissance de 0,709 milliwatts par mètre carré mesurée dans la vidéo est ainsi bien moindre que celle d'un micro-ondes : selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS - lien archivé), le niveau maximal typique d'exposition des fours à micro-ondes est de 500 milliwatts par mètre carré, un chiffre 700 fois supérieur à celui relevé pour les AirPods.

Pas d'effet réfléchissant dans les AirPods 

De plus, comme l'a expliqué à l'AFP le 6 avril 2025 Jungwook Jay Paek (lien archivé), professeur adjoint en génie électrique et informatique à l'Université d'État de New York à Binghamton, les fréquences de fonctionnement des fours à micro-ondes ne réchauffent pas à elles seules la nourriture.

"Les ondes électromagnétiques sont émises à haute intensité et l'intérieur réfléchissant du four amplifie l'exposition des aliments à ces ondes par des réflexions multiples. [Ces appareils] sont spécifiquement conçus pour concentrer l'énergie sur la nourriture", a-t-il expliqué, tout en précisant que les AirPods et autres appareils similaires émettant des ondes électromagnétiques le font à des "niveaux de puissance bien plus faibles, sans [parties] réfléchissantes, et ne sont pas conçus pour concentrer l'énergie électromagnétiques sur les tissus humains.

"Cela dit, je devrais également mentionner que les effets potentiels à long terme de l'exposition chronique à des champs électromagnétiques de faible puissance de tels dispositifs restent incertains et peuvent nécessiter une recherche scientifique supplémentaire," a-t-il ajouté. 

De la même manière, les études citées dans la vidéo suggèrent une recherche scientifique plus poussée sur les effets de l'exposition aux champs électromagnétiques, plutôt que d'en déduire leur "forte corrélation" avec les tumeurs du cerveau et autres troubles pour la santé. 

Comme nous le détaillions dans un article d'octobre 2023 sur la 5G, cinquième génération de communications mobiles régulièrement accusée, sur les réseaux sociaux, d'être néfaste pour l'homme, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) précise sur son site (lien archivé) que "l'exposition à des niveaux élevés d’ondes électromagnétiques peut provoquer un échauffement des tissus biologiques (la peau, mais aussi les tissus internes du corps)", un phénomène connu sous le nom "d'effet thermique". 

L'ANSES rappelle en outre que "les valeurs limites d’exposition actuellement en vigueur en France garantissent néanmoins que de tels niveaux d’ondes radioélectriques ne sont jamais atteints dans l’espace public et dans des conditions normales d’utilisation des appareils émetteurs."

Joe Wiart (lien archivé), professeur à Télécom Paris, titulaire de la chaire C2M (caractérisation, modélisation et maîtrise des ondes électromagnétiques) expliquait pour sa part à l'AFP dans ce même article : "Aujourd'hui, l'ensemble des analyses scientifiques qui ont été menées n'ont réussi à démontrer que l'existence des effets thermiques [des ondes électromagnétiques, NDLR]. On peut toujours dire : 'Peut-être que d'autres effets que les effets thermiques existent' : c'est pour ça qu'on continue les recherches. On ne peut pas dire : 'Non ça n'existe pas" mais seulement : 'On ne les a pas mis en évidence'".

L'AFP a déjà vérifié une affirmation (en anglais) selon laquelle les AirPods seraient une source de radiation électromagnétique dangereuse. 

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