Cette vidéo est ancienne et montre des tirs de missiles sur des raffineries à Alep en 2021

Les jihadistes et leurs alliés sont entrés le 29 novembre à Alep, la deuxième ville de Syrie, bombardée pour la première fois en quatre ans, après deux jours d'une offensive fulgurante contre le régime. Ces combats sont les plus violents depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie, où la province d'Alep, en grande partie aux mains du régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d'Idleb.

En riposte, l'armée syrienne a rapporté le 2 décembre des bombardements syriens et russes contre "des positions, des dépôts et des lignes d'approvisionnement des terroristes" dans les provinces d'Alep et d'Idleb (aussi appelé Idlib). "L'armée arabe syrienne, avec l'aide des forces aérospatiales russes, poursuit son opération visant à repousser l'agression terroriste dans les provinces d'Idlib, de Hama et d'Alep", a déclaré l'armée russe dans un communiqué publié sur son site internet.  (archives: ici, ici et ici) 

"Au cours de la journée écoulée, des frappes de missiles et des bombardements ont été effectués sur des lieux où des militants et des équipements étaient rassemblés", a ajouté l'armée russe, affirmant qu'au moins "320 militants ont été éliminés". 

Dans ce contexte, une vidéo filmée de nuit et montrant de la fumée s'élevant après les nombreuses explosions, a été relayée sur les réseaux sociaux par des internautes affirmant qu'il s'agissait de frappes russo-syriennes contre des membres du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS). 

"Les avions militaires russes ont détruit un convoi de terroristes  HTS transportant une grande quantité de munitions en direction d'Idleb", affirme une publication sur Tiktok.

Image

Sur, X , un autre internaute affirme le 2 décembre : "Hier soir, les avions de guerre conjoints syro-russes ont ciblé un convoi terroriste composé de dizaines de véhicules chargés de munitions, d'équipements et de terroristes dans la campagne orientale d'Idleb, le détruisant complètement - ministère syrien de la Défense". 

Le même extrait et la même déclaration ont été relayés dans d'autres langues, parmi lesquelles l'arabe, l'anglais et l'espagnol. 

Néanmoins, cette vidéo est ancienne et n'a aucun lien avec l'offensive rebelle et les récents bombardements en Syrie.

Bande son modifiée

Une recherche d'image inversée associée à une recherche avancée sur internet permet de retrouver la vidéo publiée le 5 mars 2021 par la chaîne de télévision panarabe Asharq News.

"Un tir de roquette a frappé le marché pétrolier de la zone de Tarhin, près de la ville d'al-Bab, dans la campagne d'Alep, provoquant de violentes explosions. Parallèlement, une frappe similaire a visé le marché pétrolier de la région d'Al-Hamran, dans la campagne de Jarablus, également située dans la province d'Alep", peut-on lire en description (en arabe) de la vidéo. 

La bande son a également été modifiée. Dans la vidéo que nous examinons, des bruits de détonations et de tirs ont été rajoutés. Mais sur la vidéo originale, on entend un homme dire plusieurs fois en arabe : "Que Dieu nous aide, qu'il nous sauve", avant d'ajouter : "[Ce sont] les flammes de l'enfer".

Une autre recherche sur Google avec les mots-clés "pétrole" "Syrie" et "Tarhin", limitée à mars 2021 permet de retrouver un article d'Arab News publié le 6 mars 2021 qui précise qu'une série de tirs de missiles par des navires de guerre russes et des forces alliées du régime syrien ont frappé des raffineries de pétrole dans la province d'Alep, provoquant un important incendie dans cette zone.

Des photos AFP le prouvent également. Elles montrent d'épais nuages de fumée et des membres de la défense civile syrienne, également connus sous le nom de "Casques blancs", qui tentent de maîtriser l'incendie. 

Image

Des membres de la défense civile syrienne éteignent un incendie après un bombardement sur des installations de raffinage de pétrole
dans la région de Tarhin, le 5 mars 2021. (AFP)

À l'époque, un membre de la défense civile syrienne avait publié une vidéo indiquant que les missiles tirés sur les raffineries de pétrole avaient tué au moins quatre personnes et blessé plus de 20 autres. (archive : ici)

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations antipouvoir, le conflit en Syrie implique désormais une multitudes de belligérants, soutenus par diverses puissances régionales et internationales, qui contrôlent des zones d'influence dans un pays morcelé.

Chaque conflit s'accompagne d'une diffusion massive de photos et de vidéos, souvent décontextualisées.