Ce tweet attribué à Sud Ouest sur le maire démissionnaire de Saint-Brevin est un faux

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 25 mai 2023 à 17:35
  • Mis à jour le 25 mai 2023 à 17:43
  • Lecture : 5 min
  • Par : Juliette MANSOUR, AFP France
Après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins, sous pression de l'extrême droite et dont le domicile a été visé par un incendie criminel, une capture d'écran censée montrer un tweet du journal Sud Ouest a circulé en ligne assurant que des images de vidéosurveillance ont montré l'élu "passer devant sa maison à trois reprises avec des bidons d'essence". Mais ce tweet est un faux, "sur la forme comme sur le fond", a indiqué la rédactrice en chef du quotidien à l'AFP. Le tweet d'origine, dont le texte a été modifié, expliquait que la gauche se joindrait à une manifestation de soutien au maire démissionnaire.

"Saint-Brevin : Les images de vidéosurveillance montrent le maire passer devant sa maison à trois reprises avec des bidons d'essence", est-il écrit dans une capture d'écran partagée plus de 700 fois sur Twitter .

Ce message est accompagné d'une photo du maire démissionnaire de Saint-Brevin, et semblant émaner du compte Twitter officiel du quotidien régional Sud Ouest.

Image
Capture d'écran prise sur Twitter le 25/05/2023

La démission le 10 mai de Yannick Morez, maire divers droite de Saint-Brevin-les-Pins, commune de Loire-Atlantique, menacé en raison d'un projet de transfert d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile, avait provoqué une vague d'indignations.

Son domicile familial avait été la cible d'un incendie criminel dans la nuit du 22 mars. Deux véhicules avaient été détruits et une partie de la maison endommagée, sans faire de blessé.

"J'ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l'incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l'Etat, et après une longue réflexion menée avec ma famille", avait expliqué Yannick Morez.

"C'est fou, n'est-il pas? Dire que Macron l'avait cité en victime", ironise en commentaire de la capture d'écran un internaute, tandis que plusieurs autres regrettent que "les médias ne relaient pas cette information".

Cette image a commencé à circuler le 24 mai, jour de la manifestation de soutien au maire devenu le symbole des élus locaux victimes de violences.

Un tweet falsifié

En cherchant sur le compte Twitter officiel du quotidien Sud Ouest, il n'existe aucune trace d'un tel tweet.

Le tweet n'est pas non plus visible dans le cache Google de la page Twitter, mémoire qui enregistre temporairement des copies de données provenant d'une page web.

"Sud Ouest n'a jamais publié ce tweet, ni cette allégation sur des images de vidéosurveillance sur le maire de Saint-Brevin. Il s'agit d'une fausse information, sur la forme comme sur le fond", a indiqué le 25 mai à l'AFP Flore Galaud, rédactrice en chef du quotidien.

Selon la capture d'écran, le tweet aurait été publié le 24 mai 2023 à 8h46.

Or, à cette même date et heure, un tweet a bien été publié par le compte officiel de Sud Ouest, avec la même image du maire démissionnaire de Saint-Brévin figurant sur la capture d'écran relayée.

Mais le texte de cette publication était tout autre, il indiquait : "Saint-Brévin : la gauche marchera ce mercredi face à l'extrême droite" et renvoyait à un article de Sud Ouest rédigé avec l'AFP.

Image
Capture d'écran du tweet d'origine publié par Sud Ouest le 25 mai 2023
Image
Capture d'écran du tweet falsifié faite le 25 mai 2023

 

 

Attention aux faussaires de Twitter

Il faut toujours se méfier d'une capture d'écran de tweet relayée en ligne.

Il est très facile de falsifier un tweet en passant par le code source, c'est-à-dire les instructions d'une page web, puis en modifiant le contenu du message et en réalisant une prévisualisation de ce nouveau faux tweet, comme l'expliquait Numerama dans cet article en 2017.

Si le tweet d'origine reste inchangé sur le compte de son auteur, une capture d'écran de la fausse copie altérée créée par un internaute peut être effectuée puis partagée.

A titre d'exemple, nous avons nous-mêmes modifié un authentique tweet de l'AFP Factuel (visible à gauche), publié le 17 mai 2023. A droite, la capture d'écran avec le texte modifié par nos soins le 25 mai 2023.

La date, l'heure de publication et la viralité sont similaires mais le texte a été changé.

Image
Capture d'écran d'un authentique tweet publié par l'AFP Factuel le 17 mai 2023
Image
Capture d'écran d'un tweet falsifié modifiant le contenu d'un tweet publié par l'AFP Factuel le 17 mai 2023

 

 

Il est aussi possible de modifier le nom de son compte et sa photo de profil pour tromper une audience en usurpant l'identité d'une autorité, d'un média ou d'une personnalité.

Par conséquent, si vous voyez la capture d'écran d'un tweet, avant de partager, pensez toujours à vérifier si le message en question existe bien en tapant le texte dans la barre de recherche du réseau social.

Twitter Blue

Par ailleurs, même un compte certifié n'est plus un gage de fiabilité, depuis le rachat par le milliardaire Elon Musk de Twitter pour 44 milliards de dollars fin octobre.

Image
Le compte Twitter d'Elon Musk, le 20 avril 2023. ( AFP / Chris DELMAS)

Autrefois gratuite, et censée garantir authenticité et notoriété, la coche bleue signifie désormais simplement que l'utilisateur est abonné à une nouvelle formule d'abonnement payant Twitter Blue (pour 8 dollars par mois) et que un numéro de téléphone, qui n'est pas nécessairement le sien, a été vérifié par la plateforme.

Twitter a également testé la possibilité de permettre à certains abonnés payants de modifier des tweets déjà publiés.

25 mai 2023 corrige coquille dans le chapo

Vous souhaitez que l'AFP vérifie une information?

Nous contacter