
Des affirmations discutables de Nicolas Sarkozy, jeudi sur TF1
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- Publié le 23 mars 2018 à 18:15
- Lecture : 4 min
- Par : Guillaume DAUDIN
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1/ Des chiffres "pas concordants" ?
Si les juges d'instruction ont décidé de mettre l'ex-président de la République en examen, après quelque 24 heures de garde à vue, c'est qu'ils estiment qu'il existe des "indices graves et concordants" à son encontre. M. Sarkozy a été mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de détournement de fonds publics libyens".
De nombreuses sources ont relaté des versements: l'ex-chef des services secrets, Abdallah Senoussi, un avocat de l'ex-Premier ministre, Baghdadi al-Mahmoudi, l'ex-interprète de Kadhafi, Moftah Missouri, l'un des cousins du dictateur, Ahmed Kadhaf Al Dam, ou encore Zorah Mansour, l'ancienne responsable des "amazones" - ces femmes qui entouraient le Guide. Mais les sommes évoquées varient de quelques millions à 50 millions.
Pourtant, certains chiffres "concordent" bien: Ziad Takieddine, personnage-clé du dossier, a évoqué dès 2012 un financement libyen. L'intermédiaire franco-libanais "biberonné à l'argent de Kadhafi", d'après Nicolas Sarkozy jeudi soir, a assuré en novembre 2016 avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d'euros d'argent libyen au futur chef de l'Etat, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant. Takieddine est mis en examen.
M. Takieddine a affirmé que des valises d'argent lui auraient été remises à Tripoli par M. Senoussi, l'ancien chef des services secrets libyens. Or celui-ci, interrogé dans une prison libyenne, en septembre 2012, dans le cadre de poursuites de la Cour pénale internationale, a affirmé avoir "personnellement supervisé" le transfert d'argent à la campagne de Nicolas Sarkozy en "2006-2007". Montant ? Cinq millions d'euros, soit le même montant que celui annoncé par M. Takieddine.
Les juges ont aussi obtenu les carnets de Choukri Ghanem, ex-ministre du Pétrole. Il mentionne également trois paiements. Mais les points communs s'arrêtent là. Pour lui, les paiements ont eu lieu en avril 2007 et pour au moins 6,5 millions d'euros. M. Ghanem a été retrouvé noyé dans le Danube en 2012.
2/ "Tout le monde sait" que le document Mediapart "est un faux"
Mediapart a publié le 28 avril 2012, dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, un document attribué à Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignement extérieur de la Libye, aujourd'hui en exil. D'après ce document, Tripoli avait accepté de financer pour "50 millions d'euros" la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République avait déposé plainte pour faux et publication de fausses nouvelles contre Mediapart.
Le 20 novembre dernier, la justice a confirmé le non-lieu de première instance, dans un arrêt qu'a publié Mediapart.
Dans son arrêt, la chambre conclut que "l'instruction n'a pas permis d'établir que la note publiée (par le site d'information) est un faux matériel", rappelant que l'expertise diligentée "ne révélait pas de trace d'altération voire de falsification volontaire".
Nicolas Sarkozy s'est pourvu en cassation contre cette décision. La date de l'audience n'est pas encore connue.
3/ Un document pas signé par Moussa Koussa ?
Une déclaration ambigüe de Moussa Koussa de 2014 devant les enquêteurs, selon qui "le contenu" de la note "n'est pas faux mais la signature est fausse", a été contredite par un collège d'experts, qui a conclu que la signature au bas du document litigieux était bien de sa main.
4/ Nicolas Sarkozy pas à Paris le 26 janvier 2017 ? -
Comme Buzzfeed l'a relevé, Nicolas Sarkozy était bien à Paris le 26 janvier au matin. Plusieurs photos AFP, un reportage de France 2 conservé par l'INA (2'30), ainsi qu'une dépêche AFP en témoignent même: il était en fin de matinée à Notre-Dame-de-Paris pour une messe de funérailles de l'Abbé Pierre, avant de se rendre dans l'après-midi en Poitou-Charentes.
