Une goutte d’huile de cuisine pour étouffer une tique ? “À ne surtout pas faire”, selon les experts
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- Publié le 02 juillet 2019 à 18:11
- Lecture : 3 min
- Par : Adrien MAROTTE
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En mai 2019, nous avions déjà contredit une publication virale affirmant qu'un moyen "sûr et facile" d'enlever une tique sur un corps humain était de tamponner l'acarien avec une boule de coton imbibée de savon.
Mais avec l’été, la canicule et les balades dans la nature, les messages et les conseils visant à rendre inoffensifs ces acariens continuent d'abonder sur les réseaux sociaux.
Deux publications, l’une datée du 23 mai, l’autre du 14 juin, ont été partagées chacune plus de 20.000 fois. Elles prétendent que “pour étouffer une tique, il suffit de mettre une goutte d'huile de cuisine à la base”. Cette technique fonctionnerait “à tous les coups” et “bien mieux que tous les appareils pour les tirer ou les sortir”.
Comme pour le coton imbibé de savon, cette méthode est contre-productive, ont expliqué plusieurs experts à l'AFP.
Non seulement elle n’est pas recommandée en cas de piqûre, mais elle augmenterait au contraire les risques de maladies, selon Pascale Frey-Klett, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et responsable du programme de recherche collaboratif CiTique.
“Il ne faut utiliser aucune molécule extérieure car cela va stresser la tique et augmenter ainsi le risque qu’elle rejette les agents infectieux dans le corps de la personne ou de l’animal piqué”, explique la scientifique.
Des produits comme l'huile ou l'éther ont été utilisés par le passé pour retirer ces acariens, mais cette méthode est à proscrire. “Elle facilite le processus de régurgitation et augmente donc les chances de tomber malade”, ajoute Mme Frey-Klett.
Pour elle, une seule technique est efficace : “Dès qu’une piqûre est constatée, il faut retirer la tique au plus vite, même maladroitement car les agents infectieux se situent dans la partie extérieure de la tique, c’est-à-dire celle qui n’est pas encore entrée dans la peau”.
Jean-François Cosson, directeur de recherche en écologie des maladies infectieuses à l’Inra, confirme qu'”étouffer l’animal” avec une molécule extérieure n’est pas une bonne option. “Une tique est capable de résister très longtemps et d’injecter des pathogènes dangereux pour l’homme”, dont la bactérie Borrélia, à l’origine de la maladie de Lyme.
En cas de piqûre, "il y a trois choses à faire", selon Jean-François Cosson :
- "Enlever la tique en tournant légèrement avec un tire-tique ou une pince, dans n’importe quel sens, à la base du rostre (la partie de l’acarien qui est planté dans la peau, ndlr) jusqu’à ce que la tique se décroche toute seule"
- "Désinfecter"
- "Surveiller 3 ou 4 semaines pour voir s’il n'y a pas d’apparition d’une auréole rouge qui s’élargirait et qui pourrait signer la maladie de Lyme"
Des recommandations qui vont dans le sens de l'agence sanitaire Santé publique France, affiliée au ministère de la Santé, qui invite également à "consulter sans tarder un médecin" si "une plaque rouge et ronde apparaît ou s’il existe des signes inhabituels (fatigue, paralysie, etc.)" quelque temps après la piqûre.