Une personne regarde la page Instagram de Tara Farès, assassinée jeudi 27 septembre 2018 à Bagdad (AFP)

Tara Farès, très influente mannequin assassinée à Bagdad, n'était pas ex-miss Irak

Tara Farès, très influente blogueuse et mannequin irakienne, a été assassinée jeudi à Bagdad. Son meurtre a suscité un très fort émoi local. Mais celle-ci n'était pas ex-miss Irak, contrairement à ce qu'ont affirmé de très nombreux médias.

Les faits sont survenus jeudi en fin de journée à Camp Sarah, un quartier du centre de Bagdad où Tara Farès à été atteinte de "trois tirs mortels", selon le ministère de l'Intérieur.

Pour nombre d'internautes, qui trouvent dans les réseaux sociaux un espace de liberté dans un pays conservateur, la jeune femme de 22 ans a été punie pour son mode de vie, détonant en Irak.

La blogueuse, qui voyageait souvent et se signalait rarement à Bagdad où elle est née, postait régulièrement pour ses 2,7 millions d'abonnés sur Instagram des photos d'elle, ce qui lui avait valu récemment d'être classée parmi les personnalités irakiennes les plus influentes en ligne.

De son vivant, à chaque fois qu'elle postait sur les réseaux sociaux un nouveau cliché d'elle --blonde, rousse ou brune, en tenue de pompiste sexy ou de soirée sobrement noire--, une pluie de commentaires, de soutien ou d'insulte, tombait sur elle.

Deux jours avant Tara Farès, Souad al-Ali, militante et femme d'affaires à Bassora, ville pétrolière du sud récemment secouée par des manifestations meurtrières, était abattue de plusieurs balles alors qu'elle se trouvait elle aussi dans une voiture. Avant elles, deux directrices de centres d'esthétique et de chirurgie plastique parmi les plus en vue de Bagdad ont disparu en août. Cette série de morts inquiétantes a fait naître un sentiment d'angoisse chez les femmes irakiennes, comme l'expliquait l'AFP dimanche 30 septembre dans cet article.

De très nombreux médias français et internationaux ont annoncé ces derniers jours l'assassinat de Tara Farès comme celui d'une "ex-miss Irak", suscitant un émoi international après celui provoqué en Irak.

L'AFP, qui a publié de nombreuses dépêches, photos et vidéos sur le sujet, expliquant par exemple dans cet article le sentiment d'angoisse naissant chez les femmes irakiennes, n'a pas repris cette qualification erronée, hormis au début d'une vidéo diffusée sur Internet et corrigée depuis.

Tara Farès n'était en effet pas miss Irak, comme l'explique Ali Choukeir, adjoint à la directrice du bureau de l'AFP à Bagdad.

De 1978 à 2006, le concours de Miss Irak a été interdit par Bagdad, en raison des guerres. De 2000 à 2014 (inclus), toutefois, il y a eu des concours non-officiels. Tara Farès a ainsi été élue en septembre 2014 Première dauphine de la « Reine de beauté de Bagdad », lors d’une cérémonie au "Shooting Club" de Bagdad.

Elle n’a donc jamais été inscrite sur la liste officielle des Miss Irak, qui a repris en 2015 après le dernier nom qui remonte à 1977.

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