Pendant la campagne, Macron avait globalement défendu le projet Notre-Dame-des-Landes
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- Publié le 17 janvier 2018 à 18:45
- Mis à jour le 17 janvier 2018 à 19:37
- Lecture : 7 min
- Par : Guillaume DAUDIN
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Entre novembre 2016 et avril 2017, deux semaines avant le premier tour de la présidentielle, le futur chef de l'Etat a été interrogé à de nombreuses reprises sur ce sujet.
A chaque reprise, M. Macron a dit son souhait de respecter le référendum consultatif local en Loire-Atlantique de juin 2016 qui avait approuvé le projet à 55,17%.
Plusieurs fois, le candidat a exprimé ses inquiétudes quant à l'ordre public et aux risques d'un "Sivens puissance 1.000", affirmant notamment en février : "Je suis pas un fou furieux, je regarderai les sujets d'ordre public".
Le candidat a aussi dit craindre le "message" envoyé à l'opinion publique si le projet était abandonné après une consultation comme celle de juin 2016, un message ainsi résumé : "On peut plus avoir quelque projet que ce soit dans le pays car vouloir le bloquer suffit à tout empêcher de manière durable".
Il a enfin dit plusieurs fois que ce projet "relève d'un modèle qui n'a sans doute plus cours aujourd'hui."
Mais à une seule reprise, début février lors d'un entretien avec Pascal Canfin, directeur général du WWF France, Emmanuel Macron a véritablement mis en doute l'idée de faire l'aéroport: il a mis en balance le lancement du projet Notre-Dame-des-Landes avec le réaménagement de l'aéroport Nantes Atlantique.
L'entourage du chef de l'Etat a pourtant justifié mercredi à l'AFP la décision gouvernementale en expliquant que "lorsqu'il s'était exprimé, l'option d'un développement de l'aéroport de Nantes n'était pas sur la table. Elle est arrivée avec le rapport des médiateurs".
Voici ses principales déclarations sur le sujet.
Médiapart, 2 novembre 2016
Emmanuel Macron "- Je suis pour le débat jusqu'au bout, il y a eu un débat, il y a eu un référendum local, il a tranché. On peut refaire des consultations, à un moment donné, on doit avancer. Il y eu une consultation, elle a donné un résultat (...). Je suis pour la délibération, pour que l'ordre public soit maintenu, une évacuation dans le calme et le respect de l'ordre public (...). Je défendrai ce point-là, il y a eu une délibération et un vote."
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France Inter, 1er février 2017 (à 6'40)
Patrick Cohen : "- Vous, président, vous lancez la construction de Notre-Dame-des-Landes parce que la consultation a eu lieu, vous avez dit ?"
Emmanuel Macron : "- Oui, je l'assume. Sur le fond, ce projet a été très mal emmanché, il relève d'un modèle qui n'a sans doute plus cours aujourd'hui (...). Sur ce sujet, vous pouvez décider que la voie démocratique n'a aucun sens. Si elle n'avait pas été purgée, j'aurais dit +on peut reprendre ce sujet, le remettre à plat+ (...). On a consulté le peuple, il s'est exprimé, je suis pour respecter cette décision."
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WWF, entretien avec Pascal Canfin, 9 février
Emmanuel Macron : - "Il y a eu une consultation publique de type référendaire, elle s'est exprimée, elle a dit oui au projet, je ne peux pas aujourd'hui être dans une situation où je déchire et je dis avec moi, il n'y aura pas Notre-Dame-des-Landes, à la fin des fins ça envoie deux messages très négatifs, un, on respecte pas les consultations publiques quand ça nous arrange pas, deux, on peut plus avoir quelque projet que ce soit dans le pays car vouloir le bloquer suffit à tout empêcher de manière durable (...). Je tiendrai ma ligne sur trois principes: la prise en compte du vote, la consultation, les gens se sont exprimés pour ce que projet se fasse donc je ne l'écarterai pas. Je me donne six mois après l'élection, et je regarderai deux choses, notamment la situation d'ordre public: je ne veux pas qu'il y ait une une situation absolument intenable en termes d'ordre public parce qu'on veut faire coûte que coûte ce projet (...). Je ne veux pas de violence, je ne veux pas d'évacuation. Il n'y aura pas de brutalité. Je souhaite qu'on regarde en parallèle pendant ces six mois --je nommerai un médiateur pour ce faire-- le projet Nantes Atlantique de réaménagement, et qu'on regarde en termes économiques, en terme environnemental, en termes évidemment d'empreinte carbone, qu'on regarde une dernière fois les choses en bon ordre (...). On ne déchire pas une consultation publique mais je vous précise la procédure que je suivrai: je me donnerai six mois avec une personnalité indépendante, dépassionnée, pour mettre sur la table les éléments de comparaison qui éclaireront ma décision finale...
Pascal Canfin : - ...entre deux projets qui sont d'un côté l'aéroport de Notre-Dame-Des-Landes et de l'autre le réaménagement de l'aéroport actuel ?
Emmanuel Macron : - Oui, exactement."
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Février 2017, Sciences et avenir avec Hubert Reeves (à partir de 2'40)
Emmanuel Macron : "- Si on lançait (le projet Notre-Dame-des-Landes) aujourd'hui, il ne serait pas lancé de cette façon là, on le reprendrait pas dans ce sens, on pâtit aujourd'hui que ce projet a été lancé à une autre époque. Néanmoins, il a pris un caractère éminemment symbolique, il y a eu une consultation qui a été faite de la population, je crois que c'est faux de dire qu'elle était trop restreinte par rapport aux nuisances (...). Il faut faire très attention sur le message politique et culturel qu'on envoie sur ce sujet: si après tout ce qui s'est passé, tout ce qui s'est discuté et une consultation, on dit de manière arbitraire, +je l'enterre parce qu'il y a encore une protestation+, le message qu'on envoie, c'est, en gros, +il n'y a plus aucun projet possible en France+ (...). Sur Notre-Dame-des-landes, aller en arrière sur ce sujet maintenant est un signal à mon avis qui n'est pas le bon, c'est pas celui que j'ai retenu (...). Après, vous avez raison (...), je suis pas un fou furieux, je regarderai les sujets d'ordre public."
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Fédération nationale des travaux publics, 23 février
Emmanuel Macron : "- Notre-Dame-des-Landes, j'ai été clair sur ce sujet, je suis favorable au projet et au respect du vote citoyen".
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France 2 (première partie de l'Emission Politique), 6 avril
Emmanuel Macron : "- Notre-Dame-Des-Landes, il y a eu un vote, j'ai dit que mon souhait, c'était de le respecter et donc de le faire, voilà.
David Pujadas : - Il y aura un aéroport dans votre quinquennat si vous êtes élu?
Emmanuel Macron : - Oui, et pourquoi j'ai voulu me donner six mois ? Parce qu'aujourd'hui toutes celles et ceux qui regardent sur le terrain comment ça se passe savent qu'il y a des troubles réels à l'ordre public. Je vais pas arriver et envoyer les militaires ou les forces de l'ordre dans la ZAD, ça n'aurait aucun sens, on fait un Sivens puissance 1000, je rappelle qu'il y a eu un mort. Je l'ai dit, je l'ai toujours répété, mon souhait, ma volonté, c'est de respecter le vote qui a eu lieu, par contre j'ai défini une méthode et donc je souhaite qu'il y ait un médiateur qui pendant six mois permette de faire descendre la tension, de montrer des solutions alternatives, mais au bout de six mois, moi, je trancherai, ça sera pas un sparadrap pendant cinq ans, c'est pas du +en même temps+ (...). Je veux me laisser les six mois pour essayer de convaincre. Si je n'y arrive pas, je ferai respecter les choses, j'ai toujours été au bout des choses que j'ai portées."
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France 2 (L'Emission Politique, débat avec Bruno Retailleau), 6 avril
Emmanuel Macron : - Notre-Dame-Des-Landes, "je n'ai jamais dit que j'étais contre. J'étais devant Médiapart (...). Tous les gens qui étaient chez Médiapart étaient absolument contre ce projet. J'ai dit +il y a eu un vote, il faut le faire respecter.+ J'ai dit à WWF simplement la méthode, je suis rentré dans la méthode. J'ai dit que sur ce sujet, on voit bien qu'il y a un problème d'ordre public, les gens disent : +on n'a pas regardé toutes les alternatives+. Donc un, il y a eu un vote, mon souhait, je vous le réitère ici, très clairement, c'est de le respecter.
Bruno Retailleau : - Donc de le faire ?
Emmanuel Macron : - Donc de le faire! (...). Je vais être très clair. Un, je ferai respecter le vote. Il y a eu un vote, vous vous êtes exprimé très clairement --d'ailleurs c'est consensuel, la maire de Nantes était aussi comme vous pour--, j'ai dit : +mon souhait, c'était de le faire respecter+. Deux, il y a une situation d'ordre public impossible (...) : je nomme un médiateur car je pense que ça peut faire descendre la pression. Je le nomme pour six mois maximum, et à l'issue de six mois, je ferai évacuer la zone avec les forces de l'ordre qui s'imposent si on n'a pas réussi à faire baisser la pression. Simplement, moi, je suis pas un Tartarin de Tarascon, c'est facile, les gens qui arrivent bravache, sabre au clair (...), c'est facile de dire +moi j'enverrai l'armée+. Allez faire un Sivens puissance dix, parce que c'est ça ! Donc moi, j'arrive, je regarderai la situation d'ordre public, j'essaierai d'apaiser les choses. Je crois au dialogue, je pense qu'on peut les apaiser en six mois, si je n'y arrive pas, je prendrai mes responsabilités (...). C'est mon dernier mot, j'en prends l'engagement, c'est de faire respecter ce vote, c'est de le faire, avec ma méthode, et je n'en ai jamais changé."