Non, une handballeuse ivoirienne n’a pas été condamnée à mort par lapidation au Koweit
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 07 novembre 2019 à 15:20
- Mis à jour le 07 novembre 2019 à 17:29
- Lecture : 3 min
- Par : Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
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"Elle est sportive, handballeuse, gardienne de l’Élite Handball club (...) Elle a mordu à l’hameçon du rêve koweïtien. Elle s’est retrouvée très vite dans les fers de l’esclavage", peut-on lire dans un article du site Senego publié le 5 mai 2019.
Cet article décrit le calvaire de la handballeuse ivoirienne Mariam Bamba au Koweit qui aurait été "condamnée à mort par lapidation" après avoir "tenté de fuir l'exploitation de l’homme".
Grâce à l’outil Who Posted What ? qui permet de faire des recherches avancées sur Facebook, il est possible de retrouver des publications mentionnant le nom de Mariam Bamba et son histoire depuis le mois de mai 2017.
"Nous devons nous mobiliser rapidement pour sauver une jeune compatriote, Bamba Mariam. Elle est condamnée à mort par lapidation au Koweit", écrit par exemple un internaute ivoirien le 29 mai 2017, dans une publication relayée plus de 13.000 fois depuis.
Un texte quasiment identique a été diffusé par un autre utilisateur de Facebook le 23 mai 2019 et a récolté 23.000 partages.
"Ce n’était pas vrai"
Le nom de Mariam Bamba n’a jamais figuré sur les listes de condamnés à mort au Koweït, selon une source judiciaire contactée par l’AFP. Par ailleurs, selon cette même source, la lapidation n’existe pas dans le code pénal koweïtien - et son instauration n’est réclamée par aucun député islamiste.
En revanche, la peine de mort par pendaison y est légale. En 2017, sept personnes ont ainsi été exécutées - comme nous l'écrivions dans cette dépêche.
L’AFP est parvenue à rentrer en contact avec la jeune femme, qui, au cours d’un entretien téléphonique, est revenue sur son voyage au Koweit et dément avoir été condamnée à mort au Koweït.
"En y allant, je n’étais au courant de rien. Le passeport et le billet d’avion étaient à mes propres frais. Une fois arrivée dans ce pays, j’ai découvert qu’on venait pour me faire travailler comme fille de ménage. Du coup, j’ai voulu retourner directement en Côte d’Ivoire tout en insistant que je n’avais pas payé le billet d’avion pour venir faire ce genre de travail", a-t-elle expliqué.
Mme Bamba a assuré à l’AFP qu’elle n’a jamais été lapidée, ni condamnée à mort. Selon elle, ses échanges sur Facebook avec un entraîneur de handball en Côte d’Ivoire ont été déformés. “C’est lui qui a alerté (...) du fait que j’ai été condamnée et lapidée à mort. Ce n’était pas vrai”, dit-elle
La jeune femme, aujourd’hui âgée de 25 ans, raconte également ne pas avoir été payée pendant ses mois de travail au sein de cette famille koweïtienne. Elle vit actuellement à Abidjan et affirme vouloir “oublier ce passé, fermer cette parenthèse”.
Des groupes de défense des droits de l'Homme n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme en ce qui concerne les conditions de travail des travailleurs migrants dans le Golfe, selon cette dépêche de l’AFP reprise par Le Point.
En mai 2018, le Koweït et Manille ont signé un accord réglementant le travail des domestiques, après une crise diplomatique entre les deux pays ayant mené à une interdiction pour les travailleurs philippins d'aller travailler dans le pays du Golfe.
Trois mois auparavant, le président philippin Rodrigo Duterte avait en effet interdit provisoirement aux Philippins d'aller travailler au Koweït après le meurtre d'une domestique philippine dont le corps avait été retrouvé dans un congélateur, portant des traces de torture.