Non, RFI n’a pas annoncé les résultats de l’élection présidentielle au Sénégal avant qu’ils ne soient connus
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- Publié le 26 février 2019 à 20:38
- Mis à jour le 26 février 2019 à 21:06
- Lecture : 4 min
- Par : Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
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“La France à travers ses radios Mille Collines, RFI et France 24, veut déclarer son préfet Macky au premier tour”, affirme un internaute sur Facebook. "Mille Collines" fait référence à la station rwandaise qui avait joué un rôle prépondérant lors du génocide de 1994. Comme cet internaute, de nombreux Sénégalais ont affirmé que RFI a annoncé dimanche soir le nom du vainqueur, alors que les résultats officiels ne sont toujours pas publiés.
L’AFP a écouté les émissions de RFI Afrique, diffusées au cours de la soirée présidentielle. Dans l’émission du 24 février à 21h30, le correspondant reprend des estimations de la presse sénégalaise.
“Les radios RFM et E-média compilent en direct les résultats, leurs correspondants dans les 14 régions du Sénégal donnent les chiffres au téléphone des bureaux au fur et à mesure, il y en a plus de 16.000. Trois heures après la fermeture des bureaux, 3 candidats sortent du lot d’après ces médias, le sortant, Macky Sall, pour le moment entre 48 et 52%. Nos confrères sénégalais donnent en seconde position Idrissa Seck, entre 25 et 30%, et en troisième Ousmane Sonko, autour de 20%”, explique le journaliste à l’antenne.
Dans la suite de l’émission, les journalistes de RFI incitent à la prudence quant à ces estimations, et rappellent que les résultats définitifs ne seront connus qu’une fois que la commission électorale les aura diffusés.
Dans le journal de 22h30, l’un des correspondants de RFI à Dakar dément la rumeur en direct. “Avant tout, une information circule indiquant que RFI a donné l’un des candidats vainqueurs. Cette information est bien évidemment fausse, c’est une fake news. A l’heure qu’il est, il n’est pas possible d’obtenir les résultats provisoires des élections”, entend-on alors sur RFI.
Sur son compte Twitter, l'un des correspondants à Dakar de RFI, William de Lesseux, a également démenti que la radio ait diffusé le nom du vainqueur.
Actuellement une fausse nouvelle circule : @RFI @RFIAfrique n’a jamais donné un vainqueur de la présidentielle dans son édition spéciale. Merci de ne pas relayer de fausses informations et de se fier à ce qui est diffusé à l’antenne.
— William de Lesseux (@wdelesseux) 24 février 2019
Au bas de ce message, près d’une centaine de tweets, parfois injurieux, enjoignent le journaliste à “rentrer dans son pays” ou à "s'occuper des gilets jaunes".
L'un des principaux rivaux de Macky Sall, le député Ousmane Sonko, a dénoncé l’ingérence supposée de la presse étrangère lors d’une conférence de presse quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. “Ce que la presse étrangère se permet ici, aucun journaliste sénégalais ne se le permettrait en France”, a déclaré le candidat "antisystème", avant d’affirmer “qu’une certaine presse étrangère, et notamment française”, faisait “la propagande du candidat Macky Sall depuis 10 jours”. “Nous avons constaté que certains organes de presse, y compris étrangers, sont en train de donner des résultats totalement inacceptables”, a déclaré à ses côtés un autre candidat de l'opposition, l'ancien Premier ministre Idrissa Seck.
Un correspondant de RFI et une correspondante de Jeune Afrique ont déclaré auprès de l’AFP avoir été pris à partie par les partisans des deux candidats, lors de la conférence de presse d’Ousmane Sonko et Idrissa Seck, tenue vers minuit.
“A notre arrivée, tout était très calme”, a raconté à l'AFP le journaliste de RFI. L’ambiance s’est crispée lorsque la rumeur affirmant que RFI avait déclaré le nom du vainqueur s'est répandue sur les réseaux sociaux. “Après l’édition spéciale, on a commencé à se faire prendre à parti par plusieurs militants qui affirmaient que RFI avait annoncé la victoire de Macky Sall au premier tour”, rapporte ce journaliste. “Les insultes ont commencé à fuser, dénonçant les médias occidentaux et la “françafrique””, a expliqué la correspondante de Jeune Afrique. “On s’est sentis en insécurité”, a-t-elle affirmé.
Les deux journalistes, rapportent avoir été bousculés par des militants, et contraints de quitter la conférence de presse sous les huées et les insultes, escortés par le service d'ordre.
“Mais nous n’avons jamais annoncé la victoire de Macky Sall, à aucun moment”, insiste le correspondant de RFI. “On a toujours donné les tendances des médias locaux et ce soir n’a pas fait exception. On a apporté un démenti dans notre émission du soir, à 23H30, et nous n’avons fait que notre travail. Nous n’avons employé ni le mot vainqueur ni le mot favori, mais le terme “trio de tête”.