
Non, Nicole Belloubet n’a pas déclaré que les propos de Jean-Pierre Pernaut pouvaient "faire l’objet d’une sanction pénale"
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 28 avril 2020 à 17:15
- Mis à jour le 28 avril 2020 à 17:57
- Lecture : 4 min
- Par : Laura DIAB
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
Les propos de Jean-Pierre Pernaut peuvent faire "l'objet d'une sanction pénale". "Il est inadmissible qu'en France un présentateur télé puisse impunément critiquer le pouvoir en place", aurait déclaré la ministre de la Justice selon une publication twitter, relayée des milliers de fois sur Facebook depuis le 24 avril.
"Voilà, je m’en doutais qu’il aurait trinquer. La preuve encore une fois que l’on nous cache les vérités et que le journaliste ne dit pas ce qu’il veut!!! Respect et soutien à JP Pernaut", s'offusque la publication Facebook ci-dessous.

Dans les commentaires, les internautes s’indignent: "Gouvernement français = dictature", "Nous sommes dans une dictature ? Je ne le savais pas" ou encore "Mais en fait on est en république, pas en dictature et ils ont cas mieux gérer la crise"...


À dix-huit jours de la fin du confinement prévu le 11 mai prochain et juste avant l’annonce du plan de déconfinement annoncé le 28 avril par le Premier ministre Edouard Philippe, Jean-Pierre Pernaut a fait état à l’antenne de son incompréhension face à la politique du gouvernement.
Il dit avoir vu "un monde fou sur les trottoirs, des adultes, des enfants qui jouent, plein de monde, pas de masques sans contrôle", avant d’enchaîner "quel contraste avec les reportages que l’on nous montre, des PV infligés à des personnes qui se promènent toute seules sur une plage ou en montagne ou en forêt alors qu'il n’y a aucun risque dans les régions où il n'y a pas le virus".
"Tout cela paraît incohérent. Comme les masques interdits dans les pharmacies et autorisés chez les buralistes (...) Comme les fleuristes fermés pour le 1er mai mais les jardineries ouvertes, comme les cantines bientôt ouvertes mais les restaurants toujours fermés", a pointé le présentateur du JT du 13h depuis 1988. "Tout ça donne le tournis".
Dès lors, de nombreux personnes manifestent sur les réseaux sociaux leur soutien au présentateur, qui réunit tous les jours depuis le début du confinement 7,7 millions de téléspectateurs en moyenne.
Une pétition : "Soutien à Jean-Pierre Pernaut ! Non à une sanction !", qui compte aujourd’hui près de 48.000 signataires, a été lancée le 25 avril.

Contactée par l’AFP au sujet d'éventuelles sanctions contre Jean-Pierre Pernaut, TF1 n’a pas réagi.
En tapant dans un moteur de recherche cette prétendue déclaration, on se rend compte qu'elle vient du compte Twitter @JournalElysée, qui se présente très clairement comme "un compte TRES parodique" dans sa biographie.


Ce n’est pas la première fois que des publications de ce compte créé en août 2018, sont détournées à des fins de désinformation. Les déclarations imaginaires qui y sont postées, sont régulièrement relayées sur les réseaux sociaux sans aucun recul par certains internautes.
Contacté par l'AFP, son créateur assume sous couvert d'anonymat, reprendre les codes de communication de nombreux médias. Selon lui, le but n’est pas la désinformation mais de "dénoncer et rire de la parole publique" qu’il trouve "souvent absurde, parfois méprisante et décalée avec la réalité".
Concernant la fausse citation de Mme Belloubet, il s’étonne qu’elle ait été prise tant de fois au premier degré, étant donné que le propos "est largement exagéré par rapport à la situation actuelle". La publication sert seulement à dénoncer "avec humour" ce qu’il considère comme "une dérive autoritaire", confie à l’AFP celui qui se décrit comme un "citoyen attentif".
"Cela traduit une illusion que peuvent avoir certaines personnes de la situation politique actuelle en France" ainsi qu’une défiance "par rapport à l’information et aux médias d’une certaine catégorie de personnes", analyse celui qui se présente comme un étudiant d’une vingtaine d’années.