Non, la fédération de boxe algérienne n’a pas suspendu Lila Akkouche pour port du drapeau amazigh 

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 14 novembre 2019 à 14:49
  • Lecture : 3 min
  • Par : Salsabil CHELLALI
Plusieurs pages Facebook algériennes ont annoncé la suspension par la fédération de boxe algérienne de la boxeuse Lila Akkouche à cause de ses "nombreuses publications avec le drapeau amazigh", le drapeau culturel et identitaire berbère. Faux, la fédération n’a pas pris une telle décision. La sportive, qui affiche clairement son soutien au mouvement de contestation populaire en Algérie, ne fait plus partie d’aucune fédération depuis 2017.

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Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 14 novembre 2019.

Plus d'une dizaine de pages Facebook algériennes et de nombreux internautes ont relayé l'information concernant la suspension de la boxeuse, affirmant qu'elle est la conséquence de nombreuses publications de l'athlète avec l'emblème amazigh. Une nouvelle qui a suscité la colère des internautes, mais surtout, leur solidarité.

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Capture d'écran de commentaires Facebook réalisée le 14 novembre 2019.

Boxeuse professionnelle de muay thaï, Lila Akkouche, bientôt 26 ans, est originaire d’Akbou en Kabylie. Deux fois championne d’Algérie (2012, 2013), elle a également remporté le titre au niveau régional pour le Maghreb (2017).

Sur son compte Facebook personnel, elle affiche clairement son soutien au "Hirak", le mouvement de contestation populaire qui mobilise les Algériens contre le régime chaque semaine depuis le 22 février.

S’affichant à la fois avec le drapeau amazigh et le drapeau algérien, Lila a participé à plusieurs marches du "Hirak" selon ses publications Facebook, où elle reprend notamment un des slogans emblématiques du mouvement, "qu’ils dégagent tous" (Yetna7aw 9a3 en dialecte algérien) floqué sur son t-shirt.

Lila Akkouche n’adhère à aucune fédération

"Toutes les informations diffusées sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, contenant la suspension de la boxeuse Lila Akkouche de la Fédération algérienne de la boxe parce qu'elle a hissé le drapeau amazigh lors de sa participation aux manifestations du "Hirak" ou lors d'événements sportifs internationaux sont sans fondement", a répondu son manager, Salim Fettiouen, sur la page Facebook officielle de la sportive. 

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Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 14 novembre 2019.

Contacté par l’AFP le 13 novembre, Salim Fettiouen précise que Lila Akkouche a quitté l’équipe nationale algérienne affiliée à la Fédération internationale de boxe arabe (FIBA) en 2017 et qu’elle n’adhère plus à aucune fédération. "Elle boxera prochainement sous les couleurs du club de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK)", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, il n'existe pas en Algérie de fédération spécialement dédiée à la boxe thaïlandaise, mais certains sportifs pratiquant la disicipline sont affiliés à la Fédéation algérienne de full contact, kick-boxing et disciplines assmilées. Contactée par l'AFP, la fédération nous a affirmé ne pas compter Lila Akkouche parmi ses membres.

De lourdes peines pour les "porteurs de drapeaux amazigh"

Cette fausse nouvelle a été publiée dans un contexte particulier, alors que plusieurs manifestants sont jugés en Algérie pour "atteinte à l’intégrité du territoire" pour avoir brandi le drapeau berbère. 

Alors que le tribunal de Bab El Oued à Alger a acquitté cinq manifestants pour ces faits le 13 novembre, 28 autres ont été condamnés à six mois de prison ferme pour les mêmes faits par un autre tribunal d’Alger (Sidi M’Hamed) le 12 novembre. 

Des condamnations lourdes et deux jugements différents d’un tribunal à l’autre qui suscitent l’indignation de nombreux internautes et du mouvement de contestation qui demande la libération de ce qu’il qualifie de "détenus d’opinion".

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