Non, il n’y a pas eu de dégradations lors d’un meeting politique au stade de Kinshasa

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 18 février 2020 à 16:29
  • Mis à jour le 02 décembre 2020 à 15:57
  • Lecture : 4 min
  • Par : Ange KASONGO
Des images partagées plusieurs centaines de fois sur Facebook depuis lundi en République démocratique du Congo prétendent montrer des dégradations dans le stade des Martyrs à Kinshasa durant un meeting du parti présidentiel. Mais ces photos n’ont en réalité pas été prises en RDC et datent d'au moins deux ans.


Samedi 15 février, le célèbre stade des Martyrs de Kinshasa accueillait un grand meeting à l’occasion du 38e anniversaire de la création de l’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi. 

Lundi, le célèbre rappeur Lexxus Legal, proche de l’opposition, a posté sur son compte Facebook trois images montrant notamment des sièges arrachés, qui “proviendraient du stade après la manifestation” de l’UDPS. Le post a été partagé plus de 400 fois en 24 heures.

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Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 18 février 2020.

Parmi les milliers de commentaires qu'ont suscité cette publication, de très nombreux internautes s’indignent de ces images, qu'ils estiment fausses.

“Ce n’est pas le stade des Martyrs”, affirment les uns. “Elles sont détournées”, écrivent d’autres. D'autres encore affirment avoir assisté au meeting et n'avoir pas vu de telles scènes.

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Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 18 février 2020.

Certains internautes essaient, eux, de justifier la publication du rappeur.

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Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 17 février 2020.

 

Le public n'a "rien cassé"

Interrogé par l’AFP, l’administrateur-gérant du stade des Martyrs, Yves Kambala, a démenti toute dégradation dans l'enceinte de la capitale congolaise. “Les partisans de l’UDPS n’ont rien cassé”, assure-t-il. 

L’AFP s’est rendu au stade des Martyrs mardi 18 février et constaté que les 12.000 places assises (sur 80.000 places au total) étaient effectivement en bon état. Aucun siège ne semblait manquer.

Comme le montre les photos ci-dessous prises par une journaliste de l’AFP, il apparaît également que les sièges ne sont pas de la même couleur que sur les images postées sur Facebook.

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Photo des tribunes du stade des Martyrs prises par une journaliste AFP le mardi 18 février
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Photo des tribunes du stade des Martyrs prises par une journaliste AFP le mardi 18 février

 

D'où proviennent les photos utilisées dans les publications Facebook ? 


Photo 1

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Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 17 février 2020.


Une recherche d’images inversée sur le moteur de recherche Tineye fait apparaître cette image dans la banque de données de l’agence de photos Getty Images, partenaire de l’AFP. 

La légende indique qu’elle a été prise par le photographe Fethi Belaid le 13 novembre 2010 au stade de Radès, dans la banlieue de Tunis, après la finale de la Ligue des champions d’Afrique entre l’équipe tunisienne de l’Espérance de Tunis et la formation congolaise du Tout Puissant Mazembe. 

L’équipe de Lubumbashi avait remporté le titre continental à l’issue de ce match retour, joué en Tunisie. En colère, des supporters de l’Espérance avaient alors arraché des sièges, comme le montrent d’autres photos du même photographe diffusées par l’AFP

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Capture d'écran du site AFP Forum

 

 

Photos 2 et 3 

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Capture d'écran d'une publication Facebook du 17 février 2020
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Capture d'écran d'une publication Facebook du 17 février 2020

 

 

Une recherche d’images inversée nous montre que ces photos ont notamment déjà été publiées le 2 mars 2018 sur le site d’informations français Le Parisien.

Ces photos amateur (qui portent la mention “DR” pour “droits réservés”) ont été prises par des spectateurs du Parc des Princes, à Paris, le 28 février 2018 après un quart de finale de Coupe de France entre Marseille et le Paris Saint-Germain.

Des supporters de l’OM, grand rival du PSG, avaient alors saccagé des sièges et des toilettes du stade après l’élimination de leur équipe (3-0). Le club de Marseille avait condamné ces dégradations.

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