Non, un porc infesté d'un parasite très dangereux n'a pas été retrouvé en Côte d'Ivoire
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- Publié le 17 février 2020 à 17:04
- Mis à jour le 02 décembre 2020 à 16:46
- Lecture : 2 min
- Par : Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
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Trois photographies du cadavre d’un porc sur lequel on pratique une incision, révélant dans sa chair des masses blanches peu ragoûtantes, ont été largement partagées ces derniers jours sur Twitter et Facebook au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
“Les agents du Minader et du Mirah (les Ministère de l’Agriculture et du développement rural et Ministère des ressources animales et halieutiques, en Côte d'Ivoire, ndlr) lors d’une inspection dans les abattoirs ont découvert le Acaris Suum, un parasite blanchâtre fréquent dans les porcs et très dangereux pour la santé humaine”, affirme la page Observatoire Démocratique Africaine dans une publication datée du 12 février et ayant récolté 263 partages depuis sa mise en ligne.
Ces publications alarmistes ont suscité des commentaires inquiets d'internautes.
Certains s’insurgent contre le manque d’hygiène, d'autres redoutent l’arrivée d’une épidémie similaire au coronavirus ayant causé plus de 1.700 décès en Chine continentale au 17 février.
D’autres encore rappellent que la consommation de porc est interdite par l'islam, alors que la population du Sénégal est à plus de 90% musulmane et que cette proportion atteint les 37% en Côte d’Ivoire.
Une recherche d’images inversée sur Google met rapidement en évidence que ces images n’ont pas été prises en Afrique de l’Ouest, mais en Asie du Sud-Est, il y a quelques mois : selon le site cambodgien Khmerpart, ces photographies auraient été prises au Vietnam à la fin du mois de décembre 2019.
L'animal est-il atteint du parasite ascaris suum ?
Selon ces publications, l’animal mort serait atteint d’ascaris suum, que l’Institut national de recherche et de sécurité qualifie de parasite spécifique au porc se transmettant par voie digestive.
"Le ver nématode ascaris suum est l'un des parasites les plus fréquents chez le porc", confirme le professeur Jacques Guillot, responsable de l’unité de parasitologie de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (Val-de-Marne), en banlieue parisienne.
"Il est très proche -c'est même vraisemblablement la même espèce- du parasite que l'on retrouve chez l'homme: ascaris lumbricoides. Il y a donc sans doute des "échanges" entre le porc et l'homme mais ce n'est pas un parasite "très dangereux". La source principale de contamination de l'homme demeure les autres hommes et pas les porcs”, explique le scientifique, contacté par l'AFP.
Mais pour lui, le parasite sur ces clichés n’est pas l’ascaris suum.
“Ce que montre la photo, c’est une forme d'infestation massive par la larve du cestode Taenia solium", affirme-t-il: "Chaque vésicule est une larve".
Mais ce parasite présente un risque limité pour l'homme. "Si un homme ingère la viande crue ou insuffisamment cuite, il développera une maladie bénigne, équivalente au ver solitaire. Dans certains cas, il peut y avoir une complication gravissime (neurocysticercose) avec le développement des larves dans le cerveau chez l'homme", précise-t-il.
Et "lors de neurocysticercose, c'est l'homme qui est sa propre source de contamination, et pas le porc”, souligne M. Guillot, avant de confirmer que l’animal en question ressemble plus à un porc asiatique qu’à un porc africain.