Non, cette image ne montre pas un manifestant de Génération identitaire faire un salut nazi

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 22 février 2021 à 20:00
  • Mis à jour le 23 février 2021 à 09:00
  • Lecture : 5 min
  • Par : Anouk RIONDET
Une image prise lors de la manifestation le 20 février à Paris contre la dissolution du groupuscule d'extrême droite Génération identitaire, partagée plusieurs milliers de fois sur Facebook et Twitter, est présentée comme montrant un homme qui effectue un "salut nazi". C'est faux. La vidéo de laquelle est tirée cette capture d'écran montre que l’homme effectue plusieurs mouvements qui ne correspondent pas au salut nazi, d'après les vidéos consultées par l'AFP.

"Il y a un type tranquillou qui fait un salut nazi", "Regardez le salut nazi assumé derrière #ClémentGalant", peut-on lire sur les publications de plusieurs internautes, notamment des militants et plusieurs figures de la gauche, comme Alexis Corbière. Jean-Luc Mélenchon a lui-même propagé ces allégations en retweetant le post du porte-parole jeunesse de la France Insoumise David Guiraud.

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Captures d'écran Twitter et Facebook prises le 22/02/2021

"GÉNÉRATION IDENTHITLER", "une bande de fascistes", ont ensuite répondu d'autres utilisateurs sur Twitter, faisant référence à cet homme vêtu d’une casquette kaki et arborant le drapeau jaune du mouvement noué autour du cou.

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Captures d'écran Twitter prises le 22/02/2021
 

Un arrêt sur images trompeur

La photo est une capture d'écran d’une vidéo de Valeurs actuelles, vue plus de 60.000 fois et publiée au début de la manifestation. Elle montre l’homme scander "Génération identitaire !", en choeur avec le président de GI Clément Galant (Gandelin de son vrai nom) et d'autres supporters du groupuscule, effectuant plusieurs mouvements dans les airs de la main droite (voir à la 29ème seconde de la deuxième vidéo).

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Captures d'écran de la vidéo de Valeurs actuelles et de l'arrêt sur image prises le 22/02/2021

Le journaliste filmant la scène se trouve sur le côté gauche, d'où il est possible d'apercevoir la paume de la main de l'homme à la casquette kaki. Cela signifie que sa main droite est tout ou du moins légèrement inclinée sur le côté, contrairement au salut nazi, dont la paume de la main est orientée vers le sol.

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À la quatrième seconde de la vidéo, l’homme lève un poing au ciel, d’une façon assez hésitante, similaire à la façon dont il acclame avec la paume de sa main un peu plus tard.

"On a vu cette vidéo, on a tout de suite démenti, ce sont des captures d’écran. On peut vous ressortir des captures d’écran d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Cyrille Hanouna qui font pareil, je pense que ce sera très très vite démenti par tout le monde", a affirmé Clément Galant, contacté par l'AFP le 22 février.

"On avait fait venir quelques personnes derrière les intervenants au début (...). Ce sont des soutiens, des supporters qui étaient là mais on ne les connaît pas forcément", ajoute-t-il.

Contacté au sujet de son tweet, Alexis Corbière, député de la Seine-Saint-Denis et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, estime que "ce monsieur sait ce qu'il fait". "S'il pense que hurler "Génération identitaire !" en tendant le bras et en ouvrant la main ce n'est pas un salut qui est connoté historiquement, c'est une blague !"

Pour Pierre-Emmanuel Guigo, historien spécialiste de l'histoire politique, "ça fait plus geste de stade de foot". "Le vrai salut nazi, ce n'est pas ça, c'est la main tendue vers le bas et face à quelqu'un", a-t-il affirmé le 22 février à l'AFP.

C'est "la position du pouce qui fait que ce n'est pas un salut nazi", abonde auprès de l'AFP Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l'extrême droite, "la norme c'est le pouce collé pour un nazi".

Génération identitaire, une mouvance d'ultradroite

Créé en 2012, Génération identitaire, dont le siège historique est installé à Lyon, revendique 2.800 adhérents, mais le nombre de ses militants et sympathisants est plutôt estimé par les spécialistes à 800 tout au plus. 

Sa dissolution a été évoquée pour la première fois le 26 janvier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui s'est dit "scandalisé" par une opération anti-migrants du groupuscule d'extrême droite dans les Pyrénées.

Le 13 février, M. Darmanin a annoncé avoir engagé la procédure de dissolution du groupe, donnant 10 jours à l'organisation pour faire valoir ses arguments. 

Des citoyens et personnalités de tendances politiques opposées à Génération Identitaire s'étaient indignés plus tôt dans la semaine, que le préfet de police Didier Lallement ait "autorisé" leur manifestation quand celle des militants "antifa", antifascistes, avait été interdite.

Entre 1.500 et 2.000 personnes se sont rassemblées le samedi 20 février après-midi à Paris lors de cette manifestation contre l'éventuelle dissolution du mouvement d'extrême droite radicale Génération identitaire, mesure réclamée de longue date par plusieurs associations mais dénoncée par le RN.

A la même heure, à moins d'un kilomètre de là, dans le quartier de Montparnasse, une centaine de manifestants étaient rassemblés à l'appel de l'Union syndicale Solidaires Paris notamment, avec pour mot d'ordre la "riposte antifasciste sociale". Ce rassemblement avait été interdit par la préfecture de police au motif que le rassemblement a été déclaré "hors délai". 

Vers 14h30, la police a demandé aux manifestants de quitter la place, juste après que Jérôme Rodrigues, figure des "gilets jaunes" a été interpellé, selon une photographe de l'AFP. Placé en garde à vue "du chef de rebellion", il a été libéré.

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Des policiers arrêtent Jérôme Rodrigues, l'une des figures du mouvement des gilets jaunes, le 20 février 2021 à Paris (Anne-christine Poujoulat / AFP)

Une fois leur manifestation dispersée, des militants "antifa" ont alors tenté de rejoindre le rassemblement de Génération Identitaire, provoquant sur place un bref moment de tension. 

Au total, 26 personnes (pro ou anti Génération identitaire) ont été interpellées.

Edit du 23/02/21 : modifie coquille dans le chapô.

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