Non, cette carte ne montre pas une "image satellite" des incendies catastrophiques en Australie

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 06 janvier 2020 à 18:30
  • Lecture : 6 min
  • Par : Sami ACEF
Une illustration, partagée plusieurs dizaines de milliers de fois en une journée sur Facebook dans différentes langues, prétend montrer une "image satellite" des incendies en Australie, l'attribuant parfois à la NASA. Mais il s'agit en réalité d'une représentation des foyers d'incendies sur 30 jours par un graphiste.

Une image virale, partagée plusieurs dizaines de milliers de fois dans plusieurs langues (français, anglais, espagnol, portugais, catalan, arabe...) par des internautes mais aussi des célébrités comme l'influenceuse Khloe Kardashian (suivie par 102 millions d'abonnés sur Instragram) ou la chanteuse barbadienne Rihanna , montre l'Australie vue de haut, parsemée de cercles rouges ou oranges représentant des incendies. Plusieurs publications prétendent qu'il s'agit d'une "image satellite". 

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Capture d'écran Facebook prise le 6 janvier 2019

Mais il ne s'agit pas d'une photo en temps réel, ni même d'une photo tout court. Cette image a été créée par le graphiste Anthony Hearseay, qui l'a publiée sur Instagram, en mentionnant bien qu'il s'agit d'une reconstitution, et en expliquant sa démarche. 

"Une petite visualisation 3D des feux en Australie. Elle a été réalisée grâce aux données NASA FIRMS (Fire Information for Resource Management System, NDLR) entre le 5 décembre 2019 et le 5 janvier 2019 (...) Notez que toutes ces zones ne sont pas en train de brûler actuellement", explique-t-il. 

 

Il s'agit donc de la représentation d'un bilan sur 30 jours des zones touchées par les feux de forêts en Australie. La Nasa propose par ailleurs sa propre carte, répertoriant les points touchés par des incendies dans plusieurs endroits du monde, et réalisée, comme celle d'Anthony Hearseay, à partir de ses propres données.

La carte ci-dessous représente des foyers d'incendies entre le 5 décembre 2019 et le 5 janvier 2020 en Australie. La couleur peut varier du jaune au rouge en fonction du nombre de foyers recensée sur une zone (un point peut donc représenter plusieurs feux). 

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Capture d'écran Facebook prise le 6 janvier 2020

- 80.000 km² ravagés, une biodiversité décimée -

Si l'image de M. Hearsay n'est donc pas une photographie, les conséquences catastrophiques des incendies sont bien réelles. Depuis septembre, les incendies ont ravagé près de huit millions d'hectares (80.000 km2), et causé la mort de 24 personnes. 

Air Visual, site indépendant mesurant la qualité de l'air, plaçait dimanche Canberra en tête des villes les plus polluées au monde, devant Delhi et Kaboul, et ce en raison des fumées émanant des brasiers proches.

Face à la gravité de la crise - une superficie équivalente à l'île d'Irlande est partie en fumée - le Premier ministre Scott Morrison a annoncé le 4 janvier 2019 la mobilisation de 3.000 réservistes de l'armée pour prêter main forte aux pompiers volontaires exténués.

Par ailleurs, une étude de l'Université de Sydney estime que dans le seul Etat de Nouvelle-Galles du Sud, le plus touché par ces feux, 480 millions d'animaux ont été tués depuis septembre. 

Ces calculs de taux de mortalité sont très "prudents", ont souligné dans un communiqué les auteurs de cette étude, et le bilan pourrait être "considérablement plus élevé".

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