Non, cet homme n'est pas un officier du renseignement français
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 13 mars 2019 à 16:47
- Mis à jour le 14 mars 2019 à 16:42
- Lecture : 3 min
- Par : Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
Copyright AFP 2017-2024. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
C’est une infox internationale, ayant voyagé du moyen-orient à l’Angleterre en passant par la France. Sur une photographie, un homme portant qamis (vêtement long traditionnellement porté par les hommes musulmans) et barbe longue, rit, assis entre deux militaires.
“L’officier français de service secret Jean-Claude retourne de sa mission comme imam avec Deash (sic) comme les autres de plusieurs pays en Syrie”, lit-on sur un post peu partagé en français.
Une version anglaise de cette histoire a été partagée plus fortement (plus de 600 fois depuis le 10 mars).
Une première recherche inversée de cette photographie, effectuée via différents moteurs de recherche, ne donne rien. Mais l’image nous a paru avoir été retouchée, pour paraître plus claire qu’elle ne l’est en réalité, nous avons donc modifié sa luminosité, puis retenté notre chance.
Cette recherche nous mène à la photographie originale, publiée sur le site de l’association des musulmans des armées britanniques. Cette association, qui “prodigue des conseils aux personnels musulmans sur l’équilibre entre leur foi et leurs engagements opérationnels”, a été créée en 2009 et a pour but de fédérer les 650 recrues musulmanes de l’armée, de la marine et de la Royal air force, selon un chiffre avancé sur le site de l’armée britannique.
Des journalistes de l’AFP au bureau de Londres ont également confirmé que l’homme à la barbe n’était autre que l’imam Asim Hafiz, conseiller en religion islamique des “forces armées de sa Majesté”.
Sur le site de l’armée britannique, de nombreuses photographies d’Asim Hafiz rendent compte de sa mission.
Qui est Asim Hafiz ?
L’imam Asim Hafiz a été nommé aumônier musulman des armées britanniques en novembre 2005. Le mois précédent, les forces armées avaient recruté des aumôniers bouddhistes, hindous, sikhs et juifs. Une photographie prise par l’AFP à l’occasion de sa nomination montre Asim Hafiz aux côtés du secrétaire de la Défense d’alors, John Reid.
Dans une interview accordée au site jordanien Royanews en octobre 2017, le premier aumônier musulman revenait sur sa mission au sein de l’armée. “Le ministère de la Défense a compris bien vite qu’en s’engageant dans des parties du monde où la religion musulmane était prédominante, il était crucial d’interagir avec les peuples pour comprendre l’islam, aussi bien que les populations islamiques et musulmanes”, déclarait alors Asim Hafiz.
“Le fait d’avoir ce rôle de conseil pour la défense, mais également de l’utiliser comme un moyen de communiquer avec la communauté musulmane, est pour moi une manière de servir ma foi et mon pays”.