Non, ces images n'ont rien avoir avec la situation actuelle à Beni

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 03 décembre 2019 à 19:10
  • Mis à jour le 03 décembre 2019 à 19:25
  • Lecture : 3 min
  • Par : Ange KASONGO
Une publication partagée plus de 350 fois en République démocratique du Congo depuis une semaine sur Facebook, prétend apporter la preuve, photos à l'appui, d'une collusion entre des membres du groupe armé d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF) et la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).  Ces photos sont publiées alors que les ADF sont accusés d'avoir massacré plus de 100 civils en un mois, suscitant la colère des habitants de Beni qui dénoncent l'inaction de la Monusco. D'après les recherches de l'AFP, ces clichés datent de 2014.

 

Ces images sont publiées dans une période de fortes tensions dans l’est de la RDC. Des manifestants demandent le départ des Casques bleus, qu’ils accusent d’assister passivement aux massacres de civils attribués aux des Forces démocratiques alliées (ADF) (plus de 100 morts depuis le 5 novembre). Une base des Nations Unies a été saccagée lundi 25 novembre à Beni. Au moins neuf manifestants ont été tués en dix jours, selon un bilan provisoire le 2 décembre rapporté par l'AFP.

Que sait-on de ces rebelles ? 

Les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) sont opposés au président ougandais Yoweri Museveni, mystérieux et repliés sur eux-mêmes, vivant dans la jungle. Ils sont présents en RDC depuis 1995 et ont été accusés du massacre de centaines voire de plus d'un millier de civils dans la région de Beni depuis octobre 2014. Des opérations militaires contre ces ADF et d'autres groupes armés n'ont jusqu'à présent pas permis de pacifier cette région qui reste l'une des plus dangereuses du pays

Des habitants de Beni et de sa région dénoncent depuis le 23 novembre les massacres de plus de 100 civils en un mois. Ces massacres sont attribués aux ADF, accusés d'avoir tué un millier de personnes depuis 2014, peut on lire dans cette dépêche de l’AFP publiée le 2 décembre.

Sous le feu des critiques, accusée par les manifestants d'inaction face à ces massacres, la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) a affirmé photos à l'appui qu'elle avait repris des "actions conjointes" avec l'armée congolaise contre les groupes armés dans la région.

"Il y a beaucoup de désinformation, parfois d'allégations et d'insinuations qui sont parfois honteuses", a déclaré le 2 décembre à Kinshasa le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, au dernier jour de sa visite en RDC.

"Quand on dit dans les réseaux sociaux que la Monusco travaille avec les ADF, j'ai envie de dire: mais vous vous souvenez qu'il n'y a pas si longtemps nous avons eu 16 morts et 50 blessés tués par une attaque des ADF", a-t-il ajouté. 

Le secrétaire général adjoint des Nations Unies fait allusion à l'attaque en décembre 2017 dans la région de Beni, quinze Casques bleus tanzaniens. Ils ont été tués dans l'attaque de leur position à Semuliki (plus à l'est, vers la frontière avec l'Ouganda) par des ADF.

Des photos relayées sur Facebook et Twitter 

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Mais d’autres se méfient

Nous avons fait une recherche d’images inversée à partir du moteur de recherche Tineye, qui permet de retrouver les précédentes images d'une photo sur internet. 

Parmi les neufs résultats, le plus ancien montre une publication de ce clichés en 2014.

Le major Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans l’est de la RDC confirme à l'AFP que "ces photos datent d’au moins 4 ans". "Ce sont des militaires ukrainiens qui s’étaient offerts des tenues de l’armée congolaise comme souvenir mais cela avait été mal interprété", a-t-il expliqué.

Les hommes pris en photo ne sont donc pas des miliciens ADF mais des soldats ukrainiens de la Monusco. 

La Monusco, forte de quelque 17.000 Casques bleus, est l'une des plus importantes missions de paix menées par l'ONU dans le monde. Elle est présente depuis 20 ans en RDC. Les Nations unies y entretiennent une de leurs missions les plus importantes au monde, avec 16 000 militaires et plus d'un milliard de dollars de budget annuel, selon des chiffres publiés en 2018.

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