
"Les OGM ne sont pas autorisés en Europe" ? C'est trompeur
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- Publié le 27 août 2019 à 18:29
- Mis à jour le 04 septembre 2019 à 19:27
- Lecture : 3 min
- Par : Guillaume DAUDIN
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La ministre de la Transition écologique et solidaire interrogée vers 8h30 sur la nécessité d'"un embargo par exemple sur le soja transgénique brésilien", comme le propose Yannick Jadot, a répondu: "On mélange différents sujets : les OGM ne sont pas autorisés en Europe, ils ne le sont pas aujourd'hui, ils ne le seront pas demain."
Et de poursuivre : "Ensuite, qu'il faille aller vers une plus forte autonomie de l'Europe notamment sur tous ces enjeux de protéines végétales, ça a été redit par le président de la République (…). Oui, il faut aller dans le sens d'une plus forte autonomie de l'Europe dans ce domaine".
Le statut des OGM en Union européenne
En Union européenne, il faut suivre toute une procédure pour qu'un OGM soit autorisé. "Pour qu'un OGM soit cultivé ou commercialisé sur le territoire européen, il doit notamment faire d'abord l'objet d'une procédure d'autorisation spécifique", rappelle le site officiel touteleurope.eu.
Au 27 août 2019, ce sont une centaine d'OGM et leurs produits dérivés qui sont autorisés en Union européenne : coton, soja, betterave, colza, etc.
L'immense majorité de ces produits autorisés à la consommation en Europe concerne des produits importés et utilisés en alimentation humaine et animale, et non des produits cultivés sur place.
Pour l'alimentation animale
Au coeur du débat sur la déforestation en Amazonie, le soja transgénique brésilien, importé massivement en UE pour l'alimentation animale.
"Au Brésil et en Argentine, plus de 95% du soja produit est génétiquement modifié", indiquait en juin un rapport de l'ONG environnementale Greenpeace. Or l'Union européenne importe plus de la moitié du soja qu'elle utilise de ces deux pays (37% du Brésil, 29% d'Argentine).
Les trois quarts sont destinés aux élevages industriels de poulets de chair et poules pondeuses (50%) ou de porcs (24%). Les vaches laitières consomment 16% du soja importé et les vaches allaitantes (races à viande) 7%.
Les ONG telles Greenpeace font plusieurs critiques : d'une part, ces cultures contribuent fortement à la déforestation. D'autre part, les produits issus d'animaux nourris avec des OGM (viande, lait, œufs, beurre, crème) ne sont pas soumis à un étiquetage spécifique. Greenpeace estime ainsi "nous consommons tous les jours indirectement" des OGM mais sans le savoir.
Dans l'alimentation humaine
On peut retrouver des OGM dans des aliments en vente libre en France. L'UE impose des normes de traçabilité et d'étiquetage pour les produits contenant plus de 0,9 % d'OGM. Le site anti-OGM danger-sante.org liste une série de produits vendus en France et contenant des OGM : sauces barbecue, huiles de soja, gâteaux, marshmallows, pop-corn, etc.
En culture
Sur le plan agricole, les OGM sont considérés comme interdits en Europe. Une seule culture d'OGM est autorisée, de manière restreinte, en Union européenne : le maïs MON 810 de Monsanto. Si l'autorisation est théoriquement valable à l'échelle européenne, de nombreux Etats membres, dont la France, ou des régions, ont utilisé une législation adoptée en 2015 pour interdire sur tout ou partie de leur territoire la culture d'OGM. La France avait déjà adopté diverses mesures en ce sens depuis 2008.
Au final, le maïs transgénique MON 810 n'est cultivé que dans quelques pays, principalement en Espagne ou au Portugal.
Sur le plan scientifique, "aucune expérimentation de plante génétiquement modifiée au champ n'est actuellement autorisée en France. Le dernier essai au champ d'OGM en France remonte à 2013. Aucune demande d'autorisation n'a été déposée depuis", explique aussi le site du ministère de l'Agriculture.
La réponse du ministère
Contacté par l'AFP, le cabinet de la ministre a expliqué vendredi que "la réponse de la ministre doit être replacée dans le contexte de l’interview qui portait jusque-là sur l’accord Mercosur. La ministre entendait réagir à la confusion régulièrement entretenue selon laquelle les accords commerciaux se traduiraient par un abaissement de nos normes sanitaires et environnementales, notamment en matière d’encadrement et d’interdiction des OGM."
"La ministre souhaitait ainsi réaffirmer que ces accords ne modifient en rien les règles en vigueur que ce soit concernant l’importation comme la culture des OGM en Europe, qui sont et resteront pleinement du ressort de la réglementation l’Union européenne", explique le cabinet.