Les approximations d'Annick Girardin sur les étrangers dans le monde et à Mayotte

Pour Mme Girardin, qui s'exprimait sur France Inter, il faut à Mayotte "trouver des solutions innovantes (...), il faut être pragmatique, réaliste: aucun territoire d'outre-mer, aucune région métropolitaine, aucun pays n'a la moitié de sa population qui est étrangère".

C'est pourtant le cas, en regardant pour 2017 les chiffres de l'ONU, qui a comptabilisé pour chaque territoire ou pays la part des migrants internationaux dans la population, c'est-à-dire des personnes qui résident dans un pays tout en étant né à l'étranger.

Cette statistique n'est pas stricto sensu celle de la "population étrangère" d'un pays, mais comme la plupart de ces pays ont de strictes conditions pour acquérir la nationalité, cela rend ces deux données proches. 

Ces migrants internationaux représentent en 2017 88,4% de la population des Emirats Arabes Unis, 75% de la population du Koweït ou 65% de la population du Qatar.  Ils sont aussi majoritaires ou presque dans la population de Macao, de Singapour, du Bahreïn ou d'Oman.

Une exception du bout du monde ? Non. Plus près de nous, ils représentent 45% de la population du Luxembourg, 53% de celle d'Andorre ou encore 65% de celle du Liechtenstein. 

Et Mayotte, alors ? Pour Mme Girardin, c'est "374km², 260.000 personnes y vivent, dont la moitié sont des personnes étrangères au territoire, d'origine comorienne ou de Madagascar".

Cette affirmation est pourtant elle aussi sujette à caution: les chiffres récents divergent sur le sujet, mais semblent inférieurs à ceux avancés par Mme Girardin. Pour l'ONU, les migrants internationaux représentent en 2017 29,4% de la population de l'île. Pour l'Insee (données 2014 basées sur des chiffres de 2012), c'est 40% de la population qui est de nationalité étrangère.

Toujours d'après l'ONU, ces chiffres sont supérieurs pour un autre département français ultra-marin, la Guyane, dont 39,5% de la population en 2017 serait née à l'étranger.