Gwendal Leroy
Âge | 27 |
Blessé le | 19 janvier |
Lieu de la blessure | Rennes |
Oeil | Gauche |
Certificat médical consulté | Oui |
Arme mise en cause | ? |
Plainte | Oui |
Enquête administrative | ? |
Gwendal Leroy, 27 ans, a été blessé le 19 janvier lors de la manifestation de l'acte 10 des "gilets jaunes" à Rennes. L'AFP l'a rencontré le 8 mars chez lui à La Forêt-Fouesnant (Finistère).
Pourquoi étiez-vous là ?
"Le mouvement des gilets jaunes c'est quelque chose d'historique: dans la rue, dans un cortège de manifestation un samedi on voit de tout. Des chômeurs, des salariés, des retraités, des gens de tous corps, de tous métiers. Tout le monde est dans la rue, il n'y a pas d'histoire de syndicats, c'est vraiment citoyen. Oui, c'est vraiment quelque chose d'historique. (Quand) il y a une loi qui passe ou autre qui attaque un certain métier, (comme) les routiers, personne ne vient en aide à chaque fois à telle ou telle classe de métier qui se fait attaquer. Du coup, à chaque fois les lois passent. Si par exemple une loi mauvaise passe vis-à-vis des infirmières, il faudrait que tout le monde aille dans la rue, et là je peux vous dire les lois ne passeraient pas. Mais les gens ne sentent plus concernés".
Que s'est-il passé ?
"(Ca) m'est arrivé, je crois rue du Maréchal Joffre. On avait vraiment décidé de partir, il était 18 heures et quelque, on avait deux heures de route. Et en remontant la rue, arrivés au niveau des arrêts de bus, j'ai entendu une grenade aterrir à mes pieds. On entend le bruit, donc forcément (on se dit) : 'qu'est-ce que c'est ?', on se retourne et donc là j'ai vu un flash, une explosion, violente. Tout de suite j'ai senti quelque chose qui m'a percuté le visage. Je n'estimais pas encore avoir perdu l'usage de (mon) oeil".
"A l'hôpital, quelqu'un s'est approché de moi. Il a soulevé la paupière de l'oeil gauche et, c'est là que j'ai compris que c'était grave, parce qu'il a appelé, enfin il a hurlé 'on le prend en charge tout de suite !'"
Quelle est votre vie maintenant ?
"Je ne sais pas si j'ai pris pleinement conscience, que cela va être définitif et à vie. Il y a des prises de conscience temporaires. Il y a des moment où on est assis sur une chaise et là pendant 10-15 secondes on va être plus lucide, on va se dire 'ah ouais, j'ai perdu un oeil'. Et c'est à ces moments-là précisément que soit ça passe moralement, soit psychologiquement, la journée elle est dans les chaussettes".
"J'étais cariste. Je ne sais pas si c'est possible encore de conduire un chariot-élévateur. Et puis, il y a la partie 'comment trouver un travail': quel employeur voudrait 'd'une personne qui n'aurait qu'un oeil', alors qu'il y a énormément de personnes sur le marché (qui ont) deux yeux".
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A l'occasion du premier anniversaire de lancement du mouvement, l'AFP a réinterrogé mi-octobre les manifestants éborgnés.
Gwendal Leroy n'a pas souhaité répondre aux questions de l'AFP.
Le procureur de Rennes Philippe Astruc a indiqué à l'AFP le 24 octobre que "l'enquête préliminaire confiée à l'IGPN est toujours en cours, des actes complémentaires ayant été sollicités par le parquet de Rennes en septembre".
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Retrouvez notre dossier sur les manifestants, passants, lycéens grièvement blessés à l'oeil durant l'hiver 2018-2019.
EDIT 04/04/2019 : ajoute vidéo de Gwendal Leroy EDIT 13/11/2019 : mise à jour de l'article