Attention à ces déclarations d'une députée italienne sur la vaccination des enfants contre le Covid-19

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  • Publié le 05 janvier 2022 à 16:56
  • Lecture : 6 min
  • Par : AFP France
Une députée italienne a accusé en décembre son pays de passer sous silence des données officielles américaines sur la vaccination anti-Covid 19 qui font état, selon elle, de "30.500 effets secondaires, 234 handicaps permanents et de 54 décès" chez les enfants. Sa prise de parole devant le Parlement a été relayée plusieurs milliers de fois depuis sur les réseaux sociaux. Attention : le système américain Vaers auquel elle se réfère insiste sur le fait que ses données sont des signalements qui ne peuvent pas être pris, compte tenu de leurs "biais", pour argent comptant.

Quelques semaines après le feu vert de plusieurs pays européens à la vaccination des mineurs pour tenter d'enrayer la progression du variant Omicron du Covid-19, la question continue de faire débat et d'enflammer les parlements nationaux et les réseaux sociaux, entre défenseurs et opposants à cette mesure.

En France, le sujet a fait l'objet de vifs échanges dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 janvier à l'Assemblée nationale entre le ministre de la Santé Olivier Véran et la députée Martine Wonner. Au même moment sur les réseaux sociaux, la vidéo d'une députée italienne, opposée à la vaccination des enfants, ressurgissait et était relayée des milliers de fois après l'avoir été dans de mêmes proportions en décembre, en italien.

Dans cette vidéo de deux minutes, Sara Cunial expliquait, devant le Parlement italien le 16 décembre dernier, les dangers, selon elle, de la vaccination anti-Covid pour les enfants et accusait les autorités sanitaires de dissimuler des données officielles américaines sur les effets secondaires et les décès inhérents à l'injection.

"Vu qu'aujourd'hui, certains ont le courage de fêter voire d'anticiper la campagne de vaccination chez les mineurs, je demande au ministre (de la Santé, NDLR) Speranza de venir rendre compte des déclarations graves et tendancieuses" de la présidente de la commission technique scientifique de l'AIFA, l'agence italienne du médicament, commence la députée.

Patrizia Popoli "a déclaré +la vaccination est efficace et sans effets secondaires, au pire elle donne des maux de tête et de la fièvre+, en se référant à l'étude sur 3.000 enfants commissionnée par Pfizer BioNtech (...) et en cachant et censurant sciemment les données officielles de la base de données américaine du VAERS qui au 3 décembre, trois jours avant, signalait chez les mineurs, 30.500 effets secondaires, 234 handicaps permanents et 54 décès", ajoute Sara Cunial.

"Nous vous le disons aussi clairement ici, ne touchez pas à nos enfants de vos mains avides d'innocence", conclut l'élue non inscrite, qui avait été exclue du Mouvement Cinq Etoiles en 2019 après plusieurs positions anti-vaccination.

Sa vidéo a beaucoup circulé en Italie (ici et ici) en décembre avant d'être relayée plusieurs milliers de fois ces derniers jours sur les réseaux sociaux en France (ici ou ici).

Attention : le système auquel l'élue italienne se réfère ne fait que recueillir des signalements envoyés par des tiers et insiste sur le fait que rien ne permet d'établir de lien à ce stade entre les effets rapportés et la vaccination contre le Covid-19. Contactés par l'AFP, les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui gèrent la plateforme VAERS, ont eux fait état de neuf décès attribués à la vaccination anti-Covid aux Etats-Unis, tous avec le vaccin Janssen. Ce vaccin n'est pas autorisé pour les mineurs.

Avançons point par point. Qu'est-ce que le VAERS et comment fonctionne-t-il ? Le "Vaccine Adverse Event Reporting System" est le programme de signalement des effets indésirables des vaccins aux États-Unis. Il est cogéré par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) et la Food and Drug Administration (FDA).

Il fonctionne sur la base de signalements effectués par des tiers qui peuvent soumettre des rapports des effets secondaires de vaccins via le site internet de la plateforme. Il s'agit donc de données brutes et ces données brutes peuvent "contenir des informations incomplètes, inexactes, fortuites ou invérifiables", insiste le VAERS dans un message d'avertissement que les internautes doivent reconnaître avoir lu avant d'accéder aux données. 

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Pour leur grande majorité, les rapports transmis le sont de manière volontaire, "ce qui signifie qu'ils sont sujets à des biais". Par conséquent, "les rapports du VAERS seuls ne peuvent pas être utilisés pour déterminer si un vaccin a causé ou contribué à un effet indésirable ou une maladie", ajoute le système.

"Certains événements indésirables peuvent être causés par la vaccination et d'autres peuvent être fortuits et non liés à la vaccination. Ce n'est pas parce qu'un événement indésirable s'est produit après qu'une personne a reçu un vaccin que le vaccin a causé l'événement indésirable", rappelle le système américain.

Passée cette mise en garde, que disent les données du VAERS sur de possibles effets secondaires de la vaccination anti-Covid 19 chez les enfants aux Etats-Unis ?

Dans une note publiée le 31 décembre portant sur le vaccin Covid-19, les CDC, qui gèrent donc le VAERS, se penchent sur les signalements reçus concernant les enfants âgés entre 5 et 11 ans aux Etats-Unis, entre le 3 novembre et le 19 décembre 2021.

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Sur cette période, peut-on lire, le VAERS a reçu 4.249 "rapports d'événements indésirables" ayant touché les enfants de cette classe d'âge ayant reçu Pfizer-BioNTech. Sur ces 4.249 signalements, 97,6 % concernaient des effets non graves et 2,4 % des effets graves.

Sur la même période de temps, deux décès ont été signalés au VAERS et étaient, au 31 décembre, en cours d'examen. "Ces décès sont survenus chez deux filles, âgées de 5 ans et 6 ans, qui avaient tous deux des antécédents médicaux compliqués et étaient dans une santé fragile avant la vaccination", indiquent les CDC, qui ajoutent : "aucune des données n'ont suggéré une association causale entre la mort et la vaccination".

Au total, le VAERS avait reçu, à la date du 24 décembre, 39 rapports de décès après le vaccin COVID-19 chez des personnes âgées de 5 à 17 ans, précisent les CDC contactés par l'AFP le 4 janvier 2021, insistant sur le fait qu'il ne s'agissait en aucun cas de "cas confirmés".

Ces rapports "ne signifient pas que le vaccin a causé le décès. Les rapports doivent être examinés et vérifiés en demandant des dossiers médicaux, des rapports d'autopsie, des certificats de décès, souvent des entretiens avec des prestataires de soins de santé", ajoutent les CDC.

A ce stade aux Etats-Unis, les seuls décès confirmés liés à la vaccination anti-coronavirus sont au nombre de neuf et ont été constatés après des injections du vaccin Janssen, rappelle-t-on de même source. Ce dernier n'est à ce stade pas autorisé pour les mineurs, comme on peut le voir sur ce tableau des CDC.

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( AFP / FREDERIC J. BROWN)

Ce n'est pas la première fois que des prises de parole de Sara Cunial sont relayées abondamment sur les réseaux sociaux. En mai 2020, l'élue avait déjà fait parler d'elle, dans son pays comme à l'étranger, pour ses propos sur les dangers de la vaccination, l'"interférence virale" ou encore les "plans de dépopulation" de Bill Gates. La vidéo, qui avait alors été vue plusieurs dizaines de milliers de fois, contenait au moins cinq affirmations fausses ou infondées, comme l'avait montré l'AFP Factuel.

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