Attention à cette fausse Une du journal Jeune Afrique
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- Publié le 09 mars 2022 à 17:22
- Lecture : 4 min
- Par : Monique NGO MAYAG, AFP Mali
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Cinq hommes, dont le président de la transition au Mali Assimi Goïta et son ministre de la Défense Sadio Camara, apparaissent sur une prétendue couverture du magazine Jeune Afrique qui circule depuis le 7 mars sur les réseaux sociaux. Ils sont présentés comme les acteurs de la “montée en puissance” de l’armée malienne, devenue, lit-on sur cette couverture, "la plus puissante armée en Afrique en moins d’une année”. “L'armée malienne est devenue la plus puissante d'Afrique selon Jeune Afrique", reprend d’ailleurs un internaute sur Facebook. Ce visuel est très partagé sur les réseaux sociaux (1,2) au Mali, surtout sur WhatsApp.
Mais plusieurs éléments permettent de voir assez rapidement que cette Une de Jeune Afrique est en réalité un montage. Sur la bannière en haut de la couverture, le nom du président de la République démocratique du Congo (RDC) est mal orthographié: on lit "Tshisededi" au lieu de Tshisekedi. De plus, la date de cette édition est grossièrement écrite: elle mentionne "n°3088 du 15 au 10 mars 2022".
Aucune édition ne correspond à ces données. Le numéro 3088 de Jeune Afrique a été publié le 15 mars 2020 et avait à sa Une le président ivoirien Alassane Ouattara. Et le numéro le plus récent a été publié le 1er mars 2022 avec un buste de Marianne de profil en Une. Ces deux éditions n’ont absolument rien à voir avec le visuel qui circule sur le Mali et qui semble inspiré du numéro 3088 de mars 2020.
Dans un démenti publié le 8 mars sur son compte Facebook, Jeune Afrique a d'ailleurs qualifié cette couverture de "fake news".
Le mensuel a certes consacré une Une au colonel Goïta en février 2022, huit mois après son investiture, mais il y figurait seul et non entouré des quatre hommes qu’on retrouve sur la fausse couverture.
Il s’agit ici d'un collage des photos du "colonel Sadio Camara, ministre de la Défense devant, près d'Assimi Goïta, du colonel Malick Diaw en béret vert, président du Conseil national de la transition, du colonel Modibo Koné en béret marron, ministre de la Sécurité, et de colonel Ismaël Wague, en arrière-plan, ministre de la Réconciliation nationale", détaille un correspondant de l'AFP au Mali. "Ce sont les principaux acteurs des deux récents coups d'Etat au Mali: le 18 août 2020 et le 24 mai 2021 ", souligne-t-il.
L’armée malienne en butte aux jihadistes
Le Mali est en butte aux agissements des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique. Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde, le pays s'est détourné ces derniers mois de la France et de ses partenaires européens.
La France a annoncé le désengagement progressif des quelque 2.400 militaires déployés au Mali, sur un total de 4.600 au Sahel, dans un contexte de vives tensions avec les colonels arrivés au pouvoir par la force en août 2020.
La France et ses partenaires dénoncent pour leur part le recours fait selon eux par la junte aux services de la société privée russe de sécurité Wagner, aux agissements controversés.
Dans cette guerre à la fois sécuritaire et diplomatique, les forces armées maliennes enregistrent des pertes dans ses rangs. Ainsi, le 4 mars, une attaque jihadiste contre un camp de l'armée malienne dans le centre du pays a fait 27 morts selon un bilan officiel.
Les agissements jihadistes, conjugués aux violences intercommunautaires, aux actes crapuleux mais aussi aux exactions de l'armée, ont fait des milliers de morts, civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés.