Cette créature mi-homme, mi-poisson n'a pas été pêchée en RDC, c'est le travail d’un étudiant en arts
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 03 juin 2020 à 16:02
- Lecture : 3 min
- Par : Ange KASONGO
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
L’image d’une étrange créature mi-homme, mi-poisson effraie et interroge les internautes congolais.
Étalée dans un bac métallique, elle a l’apparence d’un poisson géant, avec la couleur et les moustaches d’un poisson-chat, mais est dotée d’un torse humain et de deux bras. Ses deux jambes fusionnent en une queue de poisson.
"Ce poisson à la forme humaine aurait été pêché dans la rivière Ndjili", annonce l’auteur de la publication partagée plus de 800 fois. Elle date originellement du 12 septembre 2019 mais a été partagée de nombreuses fois fin mai.
La rivière Ndjili, affluent du fleuve Congo, se trouve à l’ouest de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
Une recherche d'image inversée, qui permet de retrouver les occurrences précédentes d'une photo publiée sur internet, révèle que ces images ont circulé il y a plusieurs années.
Une image partagée en 2018
Les photos les plus anciennes que nous avons retrouvées datent de juillet 2018.
On retrouve diverses histoires autour de cette créature. Ainsi sur Twitter, un internaute sud-africain affirmait en 2018 que la créature avait été trouvée par des pêcheurs locaux.
Une vidéo mise en ligne en juin 2018 sur YouTube intitulée "Sirena REAL Capturada en costas de Indonesia (LA VERDAD)" ("une vraie sirène capturée sur les côtes de l’Indonésie (la vérité)", ndlr) nous éclaire davantage sur cette image.
Cette chaîne YouTube "se concentre sur le côté effrayant des choses", et notamment "des mystères liés à la cryptozoologie" (l’étude des animaux aux formes inconnues), explique sur la page d'accueil son administrateur qui se présente comme un amateur de "légendes urbaines, (de) mystère et surtout (de) terreur".
Dans cette vidéo, ce dernier étudie des publications d’utilisateurs Facebook "majoritairement thaïlandais et indonésiens" qui ont relayé l'image de cette créature.
Parmi les nombreux commentaires, il en relève un qui affirme qu’il s’agit en réalité d’un projet d’un étudiant en art thaïlandais.
Selon l’auteur de la vidéo, elle vient d’une exposition "PI-R2 Art Thesis exhibition", qui s’est tenue du 4 au 8 juin 2018.
Une recherche sur Google nous mène vers la page Facebook de cette exposition.
Cette page "réunit tous les travaux, y compris toutes les thèses d’art des étudiants en dernière année" au département des beaux arts et d’architecture de l’Institut technologique du Roi Mongkut, situé à Ladkrabang, dans la banlieue de Bangkok (Thaïlande).
Un travail artistique sur les relations humains/animaux
En parcourant les images des travaux des étudiants sur cette page Facebook, l’on retrouve la créature dans une série de clichés du projet d’un étudiant prénommé Parada Patthakulpreeda.
Dans l’introduction rédigée en thaï présentant son travail, l'étudiant explique que ces oeuvres ont été réalisées avec du silicone, de résines et des poils artificiels.
Ce travail évoque "les animaux sous les lois et les croyances humaines".
"Les humains utilisent les animaux comme un moyen de satisfaction. (Ils ne les utilisent) pas seulement pour chasser, les élever, les tuer ou les faire se reproduire, mais ils font tout pour satisfaire leurs désirs, sans penser aux sentiments des animaux en tant que sujets. Tout animal a des sentiments et un amour propre, comme les humains", explique-t-il notamment.
Sollicité par mail par l’AFP le 29 mai, Parada Patthakulpreeda n’avait pas répondu au 3 juin.