Cet article annonçant l'arrestation d'Obama pour espionnage est basé sur un document détourné

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 04 décembre 2020 à 14:30
  • Lecture : 3 min
  • Par : AFP Etats-Unis
Des articles en français et en anglais affirment depuis début décembre que l'ancien président américain Barack Obama a été arrêté pour espionnage le 28 novembre à Hawaï. Mais ces publications s'appuient sur un document détourné. Aucune source fiable n'a fait état de cette supposée arrestation.

"De toute évidence, Barak Obama a été arrêté à Hawaï et accusé d’espionnage selon une annonce du procureur général adjoint à la sécurité nationale, John C. Demers, le samedi 28 novembre", peut-on lire dans un billet daté du 3 décembre sur le blog MirastNews, partagé des centaines de fois sur Facebook depuis sa publication.

On retrouve une affirmation similaire dans des blogs anglophones, dont le Conservative Beaver, dans un article partagée plus de 6.000 fois depuis le 28 novembre :

Selon le texte, Barack Obama a "conspir(é) avec un partenaire commercial et ancien agent de la CIA pour donner des informations classifiées du gouvernement américain à des hauts responsables du renseignement chinois en République populaire de Chine (RPC)".

Image
Screenshot of the Conservative Beaver article

Cet article a été utilisé comme source de nombreuses publications en anglais sur Facebook, Instagram et Youtube. Il sert également de base au billet de blog francophone.

Mais cette affirmation est fausse.

L'article du Conservative Beaver est un plagiat quasi-intégral d'un communiqué de presse daté du 17 aout 2020 du ministère de la Justice américain, évoquant l'arrestation d'un ancien employé de la CIA à Hawaï.

Le Conservative Beaver a simplement remplacé le nom de la personne présentée comme un espion, Alexander Yuk Ching Ma, par celui d'Obama.

Ainsi, dans la version du ministère de la justice, Alexander Yuk Ching Ma a été arrêté car il est suspecté d'avoir "conspir(é) avec une connaissance et ancien agent de la CIA pour donner des informations classifiées du gouvernement américain à des hauts responsables du renseignement chinois en République populaire de Chine (RPC)".

Image
(Capture d'écran réalisée sur le site du ministère de la justice américain le 4 décembre)

On retrouve également dans ce document le nom de John C. Demers, procureur général adjoint à la sécurité nationale.

Aucune source fiable n'a fait état de l'arrestation de l'ancien président américain au 4 décembre. Le compte Twitter de Barack Obama a d'ailleurs continué de poster régulièrement depuis le 28 novembre, sans mention d'un quelconque incident ou même d'un déplacement à Hawaï.

La page "A propos" du site The Conservative Beaver, un nom de domaine enregistré le 19 septembre dernier, avance qu'il est géré par une "petite équipe de bénévoles à travers le Canada". 

Interrogé le 1er décembre par l'AFP, le site n'avait pas répondu à ce stade.

Le billet de MirastNews avance également que la directrice de la CIA Gina Haspel a été arrêtée. Une affirmation fausse, déjà vérifiée par nos confrères de Politifact.

En retrait de la vie publique depuis la fin de son 2e mandat en 2017, Barack Obama est revenu sur le devant de la scène depuis quelques mois en apportant son soutien à Joe Biden, son ancien vice-président, face à Donald Trump, dans la course à la Maison Blanche.

Il s'est également exprimé dans de nombreux médias à l'occasion de la sortie du premier tome de ses mémoires ("A Promised Land") à la mi-novembre.

Lors de sa campagne, Donald Trump a critiqué à de nombreuses reprises Barack Obama, en répétant notamment "Obamagate", référence au Watergate qui a poussé Richard Nixon à la démission en 1974.

Cette théorie, relayée initialement par des sites ultra-conservateurs, laisse entendre que le président démocrate aurait, dans les dernières semaines de son mandat, utilisé l'appareil judiciaire pour nuire à tout prix à Donald Trump. 

Depuis le 7 novembre, date à laquelle Joe Biden a été officiellement élu 46e président des Etats-Unis, le président sortant Donald Trump a refusé de reconnaître sa défaite et accusé les Démocrates de fraudes électorales.

L'AFP a vérifié de nombreuses fausses affirmations sur le sujet comme ici ou ici.

Vous souhaitez que l'AFP vérifie une information?

Nous contacter