Ces photos montrent l’arrestation d’une femme accusée de meurtre au Nigeria, et non un restaurant cannibale au Cameroun
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- Publié le 18 décembre 2020 à 15:26
- Lecture : 3 min
- Par : Monique NGO MAYAG, AFP Nigéria
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Ce sont trois photos, où l’horreur est omniprésente. La première montre un corps dans un large sac en plastique noir, ouvert sur une bassine pleine de ce qui s’apparente à des morceaux de viande. La seconde, un tronc humain posé sur une grille métallique perforée. La troisième, une femme couchée à même le sol à l’arrière d’un pick-up, les mains attachées sur le dos.
Ces images ont été prises "dans le restaurant d’une dame qui préparait de la chair humaine en guise de viande pour accompagner ses plats", affirme l’auteur de cette publication insoutenable, partagée plus de 7000 fois sur Facebook, essentiellement au Cameroun. "Vraiment attention à ce que vous mangez dans vos assiettes aux restaurants bars, etc... le monde est très mystique et cruel au Cameroun", poursuit-il.
Ces affirmations suscitent une déferlante de commentaires d’internautes (1), d’autant que les rumeurs sur les restaurants servant à leurs clients de la chair humaine ne sont pas rares dans le pays (1,2).
Mais les images diffusées sur les réseaux sociaux n’ont pas de lien avec le Cameroun, et encore moins avec un quelconque restaurant. Elles ont été prises lors d’un drame familial survenu au Nigeria voisin, à la fin du mois de novembre.
Une dame suspectée d’avoir tué et dépecé sa mère
Une recherche d’image inversée sur Google Images permet de retrouver la photo principale, utilisée depuis le 27 novembre 2020 dans de nombreux articles de médias nigérians (1,2,3,4...). Tous évoquent l’arrestation d’une jeune femme, suspectée d’avoir assassiné et démembré sa mère à Ikot Ekpene, ville de l’Etat d’Akwa Ibom, dans le sud-est du Nigeria.
Des publications sur les réseaux sociaux relatent la même histoire, avec d’autres photos de la jeune femme (1,2,3).
Un article publié le 27 novembre 2020 sur la page Facebook de la chaîne britannique BBC confirme lui aussi cette version. "Une femme a tué et découpé sa maman à Ikot Ekpene, dans l’Etat de Akwa Ibom", raconte cet aricle, qui assure, en citant la police locale, "que la femme souffre de problème mentaux".
Certaines de ces publications reprennent les trois photos utilisées par le post du Cameroun (1,2). D'autres s'appuient sur des images complémentaires, qui permettent de relier les trois photos virales au fait divers relaté par la presse nigérianne, notamment la bassine noire utilisée par la responsable présumée de l'homicide.
Un tweet vidéo intégré dans une autre publication permet d'avoir une vision plus globale de la scène: on y voit la jeune femme accusée d'homicide, avant puis après son interpellation, pieds nus et vêtue d'un chemisier à manches courtes. A ses côtés se tient un policier, dont l'uniforme n'est pas celui des forces de l'ordre camerounaises.
Ces éléments cumulés permettent de conclure que la publication évoquant une scène de cannibalisme au Cameroun est une "infox", d'autant qu'aucun média camerounais n’a rapporté récemment la découverte de chair humaine dans un restaurant du pays.