
"Testez, testez, testez", une recommandation qui ne s'adressait "pas à la France" ? L'OMS s'adressait pourtant bien à "tous les pays"
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- Publié le 18 juin 2020 à 08:17
- Mis à jour le 18 juin 2020 à 12:53
- Lecture : 3 min
- Par : Sami ACEF
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La phrase prononcée par le numéro 2 du ministère de la Santé est à retrouver dans ce tweet de LCP. L'intégralité de son audition du 16 juin est disponible sur le site de l'Assemblée nationale.
Préconisations de l'OMS de dépistage massif : "Elles ne visaient pas la France mais les nombreux pays qui n'avaient pas accès aux tests", répond Jérôme Salomon.
— LCP (@LCP) June 16, 2020
> "Nous avons répondu de façon encore plus volontaire à cette demande"#DirectAN #COVID19 pic.twitter.com/zK1roO1KKq
M. Salomon était à ce moment interrogé par le député Les Républicains Damien Abad (à partir de 51'58" dans la vidéo) :
Damien Abad (LR) : "Vous dites que vous avez suivi les recommandations de l'OMS. Mais alors pourquoi sur les tests vous avez fait l'exact inverse que ce l'OMS vous a recommandé ? L'OMS vous a dit "testez, testez, testez", et en France vous n'avez pas développé de stratégie de tests massive, pourquoi ?"
Jérôme Salomon (DGS) : "Il y a eu peut-être une difficulté d'interprétation dans les propos du directeur général de l'OMS, qui ne visaient pas la France, mais qui visaient bien de nombreux pays qui n'avaient pas accès aux tests, - il y avait encore beaucoup de pays qui n'étaient pas équipés de laboratoires de référence - et qui a dit 'on ne peut pas se permettre face à une pandémie mondiale d'avoir des pays qui n'ont pas accès aux tests parce qu'on ne sait pas ce qu'il s'y passe, c'est une inconnue totale et donc il faut tester, tester, tester. Et nous avons répondu j'allais dire de façon encore plus volontaire à la demande de l'OMS".
"Testez, testez, testez", c'est l'appel lancé le 16 mars 2020 par Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, lors d'un point presse.
"Comme je ne cesse de le dire, tous les pays doivent adopter une approche globale. Mais pour prévenir les infections et sauver des vies, le moyen le plus efficace est de briser les chaînes de transmission. Et pour cela, il faut dépister et isoler", déclarait alors le directeur de l'OMS, dont le discours est restranscrit ici.
"Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pouvons pas arrêter cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté par le virus. Nous avons un message simple pour tous les pays : testez, testez, testez. Testez tous les cas suspects", lançait-il.
Dans la retranscription du discours, une note est insérée pour préciser que "l'OMS recommande de dépister les contacts des cas confirmés uniquement s'ils présentent des symptômes de COVID-19".
Toujours est-il que dans son discours, Tedros Adhanom Ghebreyesus ne s'adresse pas à certains pays selon leur capacité à effectuer des tests de dépistage. Il affirme simplement que l'OMS "a expédié près de 1,5 million de tests à 120 pays" et "travaille avec des entreprises pour augmenter la disponibilité des tests pour ceux qui en ont le plus besoin".
Surtout, quelques jours plus tard lors d'un point presse (le 21 mars), le ministre de la Santé Olivier Véran fait référence à cette recommandation de l'OMS.
"Aujourd'hui nous ne dépistons pas de façon automatique", disait alors Olivier Véran, expliquant que la France faisait le choix de réserver les tests aux "publics prioritaires".

"La capacité journalière de réalisation des tests va ainsi continuer d'augmenter. Ce n'est pas là une simpe hypothèse de travail, c'est un impératif de santé publique. La doctrine d'usage rationnel et raisonné des tests doit évoluer. Lundi dernier le Dr. Tedros, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, a délivré ce message simple : 'testez, testez, testez'. La France doit donc désormais suivre cette voie et se préparer à faire évoluer rapidement sa stratégie de dépistage", déclarait alors le ministre.
Le ministre de la Santé semblait donc bien considérer lui-même que cette recommandation de l'OMS s'adressait aussi à la France.
Interrogée par l'AFP, la Direction générale de la Santé a répondu que "l'OMS s'exprim(ait) pour de nombreux pays, mais insist(ait) en particulier pour que les pays en retard se dotent de fortes capacités de tester, ce que la France avait fait".
"Et nous avons élargi l'accès aux tests pour tous les symptomatiques comme l'a dit le ministre", a-t-elle assuré.
Depuis le 11 mai "toutes les personnes présentant des symptômes ou ayant été en contact avec une personne contaminée" doivent pouvoir bénéficier d'un "test virologique RT-PCR", selon le site du ministère de la Santé.
Edit du 18/06 : ajoute réaction de la DGS