Québec: Non, cette aspirante policière voilée n'a pas posté une photo d'elle sans hijab
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- Publié le 25 avril 2018 à 10:15
- Mis à jour le 26 avril 2018 à 10:15
- Lecture : 2 min
- Par : Jean-Gabriel FERNANDEZ
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"Enlever mon voile, ce serait comme de baisser les bras", a déclaré Sondos Lamrhari au Journal de Montreal. Cette montréalaise, étudiante en techniques policières et par ailleurs musulmane, est au centre d'un débat sur la légalité du port de signes religieux au sein de la police car elle est "la première étudiante voilée en techniques policières du Québec", selon le Journal de Montréal.
Un montage partagé à de multiples reprises, notamment sur Facebook, prétend pourtant qu'elle ne porte pas le voile. "Quelqu'un peut-il m'expliquer ça??? Le hidjab (sic.) dans la police mais sur fb, pas de hidjab???" écrit un utilisateur anonyme, accompagnant son message de deux photos de femmes qu'il identifie toutes deux comme Mme Lamrhari.
La photo du haut n'est pas celle de Mme Lamrhari mais celle d'Elham Seyed Javad, une designer de Montréal à la tête de l'entreprise Salam Sports, qui a mis au point de hijabs adaptés à l'activité sportive. Ses créations ont été adoptées lors de compétitions sportives, mais aussi par des forces de police, notamment en Australie.
Cette photo d'Elham Seyed Javad a été publiée par le Journal de Montréal dans le même article évoquant le cas de Sondos Lamrhari, du fait de son rôle dans la création d'un voile adapté à la carrière de l'aspirante policière.
Le magazine L'actualité puis les Observateurs de France 24 se sont aussi penchés sur le sujet. La photo circulait alors depuis plusieurs jours sur Facebook, Twitter et Whatsapp. Plutôt qu'une unique publication très populaire, cette image a été publiée par de nombreux utilisateurs, chaque publication recevant quelques partages parmi les personnes susceptibles de s'intéresser à la l'actualité de Montréal. Une fois l'information corrigée par les médias québecois et internationaux, une partie de ces publications ont été rapidement supprimées.
L'histoire a fait son chemin car le débat sur le port de signes religieux au Québec divise. Le Premier ministre du Québec Philippe Couillard et la mairesse de Montréal Valérie Plante ont annoncé être ouverts à l'intégration du hijab (et le turban) dans l'uniforme réglementaire de la police de Montréal, comme l'ont déjà fait d'autres grandes villes canadiennes. Mais l'Assemblée Nationale s'est emparée du débat lors de la séance du jeudi 12 avril, les représentants des partis de l'opposition, la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti québécois (PQ), s'opposant fermement au port du voile.
Le débat sur la neutralité religieuse des agents de l'Etat fait rage depuis 10 ans car il n'est pas explicitement interdit d'afficher son appartenance à une religion par des agents de police québécois. La Charte canadienne des droits et des libertés autorise le port de signes religieux ostentatoires, mais le Québec en particulier a adopté en 2017 une loi "favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'Etat", interdisant en théorie le port du niqab ou de la burqa dans la plupart des services publics.
Le statut du hijab est encore flou, et le cas posé par Sondos Lamrhari, première aspirante policière québecoise à souhaiter porter le hijab, "hypothétique", selon Ian Lafrenière, porte-parole du Service de police de la ville de Montréal (SPVM): pour l'instant, aucun membre n'en a encore fait officiellement la demande.