Non, le président Tshisekedi n’a pas décidé de transférer l’état-major de l’armée dans l’est de la RDC

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 18 septembre 2020 à 19:05
  • Lecture : 3 min
  • Par : Ange KASONGO
Des publications partagées des centaines de fois sur les réseaux sociaux depuis le 11 septembre affirme que le président de la République démocratique du Congo (RDC) a décidé d’installer "l’état-major des forces armées de la République et tous les services de sécurité" dans l’est du pays pour "mettre fin aux violences" qui gangrène la région depuis plus de 20 ans. Si ce projet est une promesse de campagne de l’actuel président, aucune décision de cet ordre n’a été prise récemment, ont assuré l’armée et la présidence.

"Le commandant suprême des forces armées de la République démocratique du Congo et chef de l'État congolais Félix Tshisekedi a décidé d'installer l'État-major des forces armées de la République et tous les services de sécurité à l'Est", annonce une publication partagée 325 fois depuis le 11 septembre sur Facebook.

"L'état-major général des forces armées de la République démocratique du Congo et tous les services de sécurité viennent d'arriver à l'est du pays", assure même son auteur.

Ce texte a également été diffusé par plusieurs autres publications sur le réseau social (1, 2, 3). 

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Capture d'écran Facebook, réalisée le 16 septembre 2020.

Selon ces publications, ce prétendu transfert des autorités militaires vise à "en finir avec l'insécurité" dans cette région, composée notamment des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, en proie à l’instabilité et aux violences depuis plus de 25 ans.

Plus d'un millier de civils, la plupart de la communauté Hema, ont été massacrés depuis décembre 2017 en Ituri, selon l'ONU.

La haut-commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, Michelle Bachelet, avait dénoncé des "crimes contre l'humanité" après une visite dans la province en janvier dernier.

Démentis de la présidence et de l’armée

Des internautes saluent cette initiative annoncée par les réseaux sociaux.

Un autre rappelle également qu’il s’agit d’une promesse de campagne de Félix Tshisekedi, élu président en décembre 2018 et investi en janvier 2019.

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Capture d'écran prise le 17 septembre 2020.

Une source à la présidence a toutefois démenti à l’AFP que le chef de l’Etat ait pris dernièrement une telle décision. 

L’armée (les Forces armées de RDC, FARDC) a également assuré n’avoir reçu aucune instruction en ce sens.

"L’état-major général se trouve toujours à Kinshasa et n’a pas été déplacé. Nous avons un état-major avancé à Beni", ville située dans la province du Nord-Kivu, a rappelé le porte-parole des FARDC, le général Léon-Richard Kasonga, interrogé par l’AFP le 16 septembre. 

L’état-major avancé est le poste de commandement opérationnel installé près du front, alors que l'État-major concerne l’ensemble du territoire national.

Visite dans la province d’Ituri 

Le chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-général Célestin Mbala Munsese est bien présent depuis la semaine dernière dans l’est du pays, en compagnie des ministres de l'Intérieur et de la Défense et du patron du renseignement intérieur, mais il s’agit d’une visite de travail, et non d’une présence permanente. 

Cette visite a été organisée au lendemain de plusieurs tueries dans la province d'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). 

Pas moins de 58 personnes ont été tuées en deux jours la semaine dernière dans le sud-est de cette province (23 personnes le 8 septembre, puis 35 deux jours plus tard). 

Le 4 septembre, les forces de sécurité congolaises avaient également évacué des miliciens armés qui avaient fait irruption à Bunia, le chef-lieu de l'Ituri.

"Nous allons prendre des mesures sécuritaires de manière à maximiser la protection de la population et mettre fin à l’activisme des groupes armés", a assuré le général Kasonga. 

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