Non, le nombre de bureaux de vote n’a pas été divisé par deux pour l'élection présidentielle en Côte d’Ivoire
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- Publié le 29 octobre 2020 à 19:39
- Mis à jour le 29 octobre 2020 à 21:23
- Lecture : 4 min
- Par : AFP Côte d'Ivoire
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"Nous avons réduit le nombre de bureaux de vote, passant de 22.000 à 10.000". Parus dans l’édition du Journal du Dimanche du 25 octobre, à une semaine d’une élection présidentielle à hauts risques, ces propos du président Alassane Ouattara ont provoqué l’indignation en Côte d’Ivoire, notamment chez les partisans de l’opposition.
La phrase a circulé sur Facebook (1, 2, 3), Twitter (1, 2) ainsi que sur la messagerie Whatsapp. Elle a aussi été reprise par plusieurs sites d’informations locaux (1, 2, 3).
L’actuel président, élu en 2011 et réélu en 2015, brigue un troisième mandat que l’opposition juge anticonstitutionnel, l’accusant de mener un "coup d’Etat électoral".
Confusion entre "bureaux de vote" et "lieux de vote"
Dans une interview parue dans l’édition du JDD du 25 octobre, mise en ligne dans la soirée du 24 octobre, le journaliste demande à Alassane Ouattara: "Comment garantissez-vous la bonne tenue du scrutin alors que l’opposition prévoit de l’empêcher en détruisant les cartes d'électeurs ou en bloquant les bureaux de vote ?"
Sa réponse est retranscrite ainsi par le journal: "Nous avons réduit le nombre de bureaux de vote de 22.000 à 10.000. Les forces de l'ordre seront chargées de les surveiller."
Dans l’interview publiée sur le site web du journal, la réponse a été modifiée le 25 octobre dans l’après-midi. On n’y lit plus "bureaux de vote" mais "lieux de vote".
"Si cela est nécessaire, nous allons réduire le nombre de lieux de vote (actuellement 10.815 sites accueillent 22.381 bureaux de vote, NDLR), afin que les forces de l’ordre puissent assurer leur surveillance", est-il écrit.
Contactée par l’AFP le 28 octobre, la direction du JDD a admis un malentendu dans les propos du président ivoirien.
"Il y a eu une incompréhension au moment de l'interview et que la bonne formulation est celle qui figure sur le site du JDD, modifiée dimanche dans l’après-midi", a-t-elle indiqué.
Une mention a été rajoutée à la fin de l’interview sur le site.
Nombre "inchangé", selon la commission électorale
De son côté, la Commission électorale indépendante (CEI), en charge de la tenue des élections, a publié le lendemain, 26 octobre, un communiqué pour assurer que les "nombres de lieux de vote et de bureaux de vote restent inchangés sur le territoire national et à l’étranger".
Lors du scrutin du 31 octobre, il y aura sur le territoire ivoirien et à l’étranger un total de 22.381 bureaux de vote répartis sur 10.815 lieux de vote, a indiqué la CEI.
Pour des raisons de sécurité, des lieux de vote (école, mairie...) accueilleront donc plusieurs bureaux de vote.
Violences pré-électorales
L’élection présidentielle du 31 octobre se déroule dans un climat tendu en Côte d’Ivoire.
Depuis le mois d’août, une trentaine de personnes sont mortes dans des violences liées à la présidentielle du 31 octobre.
L’opposition conteste la candidature d’Alassane Ouattara, jugeant qu’elle viole la nouvelle constitution adoptée en 2016 et qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels successifs.
Le Conseil constitutionnel a validé cette candidature, estimant que le changement de constitution avait remis à zéro le compteur des mandats du président, élu en 2011 et réélu en 2015.
Sur 44 dossiers de candidature, quatre ont été validés par le Conseil constitutionnel: ceux d’Henri Konan Bédié (PDCI), Pascal Affi Nguessan (FPI), Kouadio Konan Bertin (indépendant, dissident du PDCI) et Alassane Ouattara (RHDP).
Henri Konan Bedié et Pascal Affi Nguessan à la tête de l’opposition ont appelé à un “boycott actif” du “processus électoral”, sans cependant retirer leur candidature.
La population redoute une issue semblable à la crise post-électorale de 2010-2011, durant laquelle 3.000 personnes avaient trouvé la mort dans ces affrontements, nées du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.