
Non, cette photographie ne montre pas une nuée d'oiseaux attaquant un avion
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 29 août 2019 à 15:05
- Lecture : 3 min
- Par : Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
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Sur cette photographie, un avion de la compagnie British Airways est entouré d’une nuée d’oiseaux. “Un avion de British Airways a été attaqué dans les airs par des oiseaux de proie qui l’ont complètement endommagé”, lit-on dans un post Facebook partagé plus de 1.200 fois depuis sa publication le 23 août.
Dans les commentaires, des internautes voient dans cette image “un signe de Dieu” ou “une intervention de Jésus Christ”. Des publications similaires circulent sur des pages ivoiriennes et congolaises depuis 2018. Pourtant, une recherche inversée permet de retrouver le cliché original, posté en 2004 sur Airliners, un site dédié à l’aviation.

Cette image a été prise en Hongrie, et sa légende précise que “ni l’avion ni les oiseaux n’ont été blessés”. Nos confrères des Observateurs ont contacté l’auteur de cette photo, Adam Samu, qui est également l’administrateur de la page Facebook Airportal.hu, spécialisée dans l’aéronautique.
“En fait, la photo est un peu une illusion d'optique : les oiseaux ne sont pas si proche que cela de l'avion. Ce sont des sturnidés, une variété d'oiseaux très commune en Hongrie. Leur taille varie entre 19 et 23 centimètres... donc vous voyez bien que comparé à la taille de l'avion, ils n'étaient pas si proche de ce dernier lors du décollage”, a expliqué l’auteur du cliché aux Observateurs, avant de confirmer qu’aucun oiseau n’avait été happé par l’avion, et qu’aucune personne n’avait été blessée.
Cette infox fait écho à un incident récent - et bien réel : le 15 août 2019, un avion russe a été contraint d'atterrir d’urgence dans un champ de maïs dans la région de Moscou, après avoir percuté une volée d’oiseaux. Vingt-trois personnes ont été blessées dans cet accident, précise cette dépêche de l'AFP.
Comment les acteurs de l’aéronautique prennent-ils en compte le péril aviaire ?
Si ces photographies sont mal attribuées, les oiseaux posent, depuis les débuts de l’aéronautique, de réels problèmes aux avions. “Le risque principal, c’est l’ingestion d’oiseaux par un moteur”, explique à l’AFP Franck Suardi, manager du péril aviaire pour les aéroports de Paris.
Ces derniers sont équipés de systèmes de hauts-parleurs diffusant des bruits synthétiques pour repousser les oiseaux, qui risquent d’entrer en collision avec les appareils “dans l’intervalle séparant les 30 minutes précédant le lever du soleil des 30 minutes suivant son coucher”, précise M. Suardi.
Des agents du péril aviaire circulent également sur les pistes, dans des voitures munies de dispositifs acoustiques et de pistolets longue portée. “Il n’y a pas d’accidents graves, mais des incidents : des oiseaux qui tapent le pare brise de l’avion, par exemple”, explique le responsable du péril aviaire. “Il n’y a pas, en France, d’impact avec des oiseaux de grande taille, comme cela peut être le cas en Afrique, par exemple”.
L’incident de ce type le plus célèbre a eu lieu en janvier 2009, aux Etats-Unis : des oies de Sibérie avaient alors été happées dans les deux réacteurs d’un Airbus de la compagnie US Airways, qui avaient cessé de fonctionner. Les 155 passagers et membres d’équipage avaient pu être évacués de l’appareil avant qu’il ne s’abîme dans les eaux de l’Hudson, à New York, rapportait l’AFP dans une dépêche.

Les dix passagers du Mystère 20, qui s’est écrasé en janvier 1995 à l’aéroport du Bourget, n’ont en revanche pas survécu à l’explosion de l’appareil, après qu’une nuée d’oiseaux se sont engouffrés dans les réacteurs. Ce drame est le dernier accident aérien impliquant des oiseaux sur le sol français.