Non, ce commissaire européen n'a pas dit qu'"aucun coin de l'UE n'échapperait à l'immigration de masse"
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 19 décembre 2017 à 16:15
- Mis à jour le 19 décembre 2017 à 19:41
- Lecture : 2 min
- Par : Guillaume DAUDIN
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
Dans cette tribune à Politico en anglais, intitulé "Europe's migrants are here to stay" ("les migrants en Europe sont là pour rester"), la dite phrase, bien qu'utilisée pour titrer un article de Fdesouche ou de lesobservateurs.ch, n'apparaît pas.
Autre élément contestable: d'après Fdesouche, ce commissaire a aussi "déclaré que les Européens doivent accepter l’immigration massive en provenance du tiers monde comme la « nouvelle norme »".
Une information reprise sur le site internet du droitier hebdomadaire Valeurs Actuelles, selon lequel "par la voix du commissaire européen à la Migration, Bruxelles appelle à accepter l’immigration de masse comme la « nouvelle norme »".
Dans le texte originel, M. Avramopoulos dit en réalité qu'"à la fin du jour, nous avons tous besoin d'être prêt à accepter les migrations, la mobilité et la diversité comme la nouvelle norme et d'ajuster nos politiques publiques en conséquence".
Il ne parle donc pas d'immigration "massive" ou "de masse" et ne dit pas non plus que cette immigration viendrait forcément du "tiers monde", entité par ailleurs non définie.
La thèse centrale défendue par M. Avramopoulos dans cette tribune est de dire qu'"il est l'heure d'affronter la vérité. Nous ne pouvons pas et nous ne pourrons jamais arrêter les migrations (...). Les migrations, globalement, ne s'arrêteront pas".
Le commissaire européen se félicite que l'UE ait "accordé sa protection à plus de 700.000 personnes l'année dernière", soit en 2016. Il se réjouit également que "les flux d'immigration irrégulière aient chuté de 63%" au sein de l'UE.
Selon les dernières données Eurostats consolidées pour l'année 2015, année du pic de la "crise des migrants", 2,4 millions de citoyens de pays hors-UE ont immigré dans l'un des Etats membres de l'UE.
Les articles sont truffés de morceaux de la tribune de M. Avramopoulos dans Politico insérés entre des commentaires de Fdesouche, eux-mêmes tirés d'un article de Breitbart, site d'information dirigé par Steve Bannon, ouvertement pro-Trump, et très influent à droite et à l'extrême-droite.
Ainsi, selon l'article de Fdesouche, M. Avramopoulos "avertit que ni les murs ni les politiques ne permettront à un morceau de l’UE de rester « homogène et sans immigration »."
A Politico, le commissaire dit in extenso qu'"il est ridicule de penser que les migrations vont disparaître si l'on adopte un langage dur. Il est naïf de penser que nos sociétés resteront homogènes et sans immigration si l'on érige des barrières. Il est imprudent de penser que les migrations vont rester de l'autre côté de la Méditerranée si l'on fait preuve de solidarité seulement en termes financiers". Le tout pour défendre sa thèse selon laquelle il faut "accepter" le fait migratoire pour mieux le traiter.