Capture d'écran du site La Gazette du Citoyen (La Gazette du Citoyen / DR)

L’obligation du port du voile islamique “abolie” en Iran? C’est faux

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 21 mai 2018 à 11:45
  • Mis à jour le 25 février 2020 à 18:56
  • Lecture : 2 min
  • Par : Eric RANDOLPH
Un article, partagé près de 8.000 fois depuis fin décembre, affirme que l’obligation du port du voile islamique pour les Iraniennes a été "abolie". C’est faux : si le zèle de la police des moeurs iranienne a diminué, les Iraniennes sont toujours tenues légalement au port du voile en public. Des dizaines d’entre elles ont ainsi été arrêtées en début d'année pour avoir apparu tête nue dans la rue, bravant ouvertement l'interdit.

 "En Iran, l’obligation du port du voile islamique pour les femmes a été abolie", titre le site La Gazette du citoyen, reprenant un article du journal britannique The Times, au titre toutefois nettement plus nuancé ("L’Iran assouplit les règles du code de tenue vestimentaire islamique pour les femmes").  

Si l’article - traduction mot pour mot de l’article du Times - est globalement juste, son titre sensationnaliste, repris très largement sur les réseaux sociaux, est entièrement faux.

En réalité, la loi en vigueur en Iran depuis la révolution islamique de 1979 impose toujours aux femmes, Iraniennes ou étrangères, et quelle que soit leur religion ou croyance, de sortir tête voilée et le corps couvert d'un vêtement ample plus ou moins long.

Les récalcitrantes s’exposent à des peines de prison allant de 10 jours à deux mois d’emprisonnement ou à une amende allant de 50.000 rials à 500.000 rials (1 à 10 euros).

Toutefois, le zèle de la police des mœurs sur ce sujet a nettement diminué depuis une vingtaine d'années, et un nombre croissant d'Iraniennes, à Téhéran et dans d'autres grandes villes du pays,  laissent apparaître nettement leur chevelure ou même laissent tomber leur voile aux épaules, surtout quand elles sont au volant de leur voiture.

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Des femmes marchent dans une rue de Téhéran, le 7 février 2018 (Atta Kenare / AFP)

En outre, et comme l’explique l’article du Times, le général Hossein Rahimi, chef de la police de Téhéran, a annoncé en décembre que les femmes "qui ne respectent pas par inadvertance les règles islamiques ne seront plus envoyées en centres de détention et au tribunal", mais devront suivre "des cours de formation".

Cela ne signifie toutefois pas qu'il est envisageable pour une Iranienne - Téhéranaise ou non - de sortir dans la rue sans voile sans s'exposer à des poursuites.

Une trentaine d'Iraniennes ont été arrêtées entre fin décembre et début février pour avoir enlevé leur voile en public dans un geste de défi à la loi, comme le rapportait l'AFP dans cette dépêche. Elles ont été libérées pour la plupart, mais restent poursuivies par la justice, et l'une d'entre elles a été condamnée début mars à 24 mois de prison, dont trois ferme.

Lors de ce procès, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, a d'ailleurs assuré qu'il n'avait plus l'intention d'accepter que des femmes conduisent leur voiture en laissant leur chevelure trop apparente, affirmant qu’il avait donné l'ordre d'"immobiliser" les véhicules des conductrices récalcitrantes au port du voile.

Pour lui, une certaine "tolérance" est possible vis-à-vis des femmes qui portent le voile de manière relâchée, "mais il faut agir avec force contre les personnes qui remettent en cause délibérément les règles en matière du voile islamique".

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