L'armée frappe une base au Niger ? Les autorités des deux pays démentent

Depuis le 23 novembre, des publications virales accusent l’armée française d’avoir frappé une base militaire de l’armée nigérienne à Diffa, une ville du Sud-est du Niger. L’AFP a contacté des sources  officielles nigériennes et françaises qui ont démenti cette rumeur. 

“Au Niger, plus précisément à Diffa l'armée française frappe une base militaire de l'armée nigérienne [...] Les forces françaises soutiennent qu'il se sont trompés de cibles en assimilant cette base à celle des terroristes. Des populations nigériennes sont très remontés contre la France et dénoncent son appui aux terroristes au détriment de l'armée régulière du pays”. Cette accusation extrêmement virale a récolté des milliers de partages et généré autant de commentaires sur des pages Facebook au Mali, au Burkina, et en Côte d’Ivoire.

Dans les commentaires de ces publications, de nombreux internautes prennent au sérieux cette rumeur et appellent au départ des troupes françaises, accusée d’être des “colonisateurs” et d’entretenir les conflits jihadistes au Sahel. 

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(Capture d'écran Facebook datée du 26 novembre 2019)

Interrogées par l’AFP, plusieurs sources nigériennes ont démenti cette rumeur. “Des frappes aériennes ici à Diffa ? Non, c’est faux, ce sont des mensonges”, a affirmé Yahaya Godi, le secrétaire général du gouvernorat de la région de Diffa à l’AFP. “Nous n’avons enregistré aucune frappe aérienne sur la ville de Diffa, ni sur un autre département de la région”. 

L’AFP a également contacté Mairou Malla Ligari, le président du Conseil Régional de Diffa. “Ce sont des fake news. On a vu ces informations sur les réseaux sociaux. Nous n’avons pas enregistré un tel fait dans la région de Diffa”, a-t-il confirmé. 

Sur ses comptes Facebook et Twitter officiels, l’ambassade de France au Niger a également démenti cette rumeur dès le 24 novembre. “L'ambassade de France dément formellement les "fake news" circulant sur les réseaux sociaux sur une prétendue frappe de Barkhane contre les Forces armées nigériennes à Diffa. Mensonge grossier et éhonté. La France est aux côtés du Niger et de ses partenaires du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme”, y lit-on.

Ce démenti a été retweeté par le compte officiel de Mohamed Bazoum, ministre nigérien de l’Intérieur.

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(Capture d'écran du retweet de M. Bazoum, ministre de l'Intérieur du Niger)

Le sud-est du Niger et particulièrement la zone de Diffa, frontalière avec le Nigeria, est en proie à de très nombreuses attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram. 

Attaques de type guerilla, enlèvements, commando-suicides mais aussi des opérations d’envergue comme la prise de Bosso  en 2016… Boko Haram est omniprésent dans la région où l’armée nigérienne s’est déployée en force. La région de Diffa abrite 120.000 réfugiés nigérians, 30.000 Nigériens revenus du Nigeria et environ 110.000 déplacés internes, fuyant tous les exactions de Boko Haram, selon des chiffres publiés par l'ONU en octobre.

Le 29 octobre, des hommes armés avaient lancé une attaque meurtrière contre la base militaire de Blabrine au nord de Diffa, dans le sud-est du Niger, frontalier du Nigeria, où sévit Boko Haram. 

Fin mars 2019, au moins dix civils ont été tués dans un attentat-suicide et une attaque du groupe jihadiste à N'Guigmi même. Après une accalmie fin 2018 dans la région de Diffa, les attaques de Boko Haram sont devenues à nouveau récurrentes depuis mars. La région a connu d'innombrables attaques depuis février 2015 et le groupe islamiste nigérian a déjà mené des opérations d'envergure par le passé, prenant le contrôle de la ville et de la base de Bosso en 2016.

Edit 26/11 : corrige erreur dans la retranscription du communiqué de l'ambassade de France

 

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