En Bolivie, les tweets anti-indigènes effacés par la présidente

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  • Publié le 16 novembre 2019 à 21:42
  • Mis à jour le 21 novembre 2019 à 07:32
  • Lecture : 3 min
  • Par : AFP Factual
Depuis son accession au pouvoir, mardi 12 novembre, de nombreuses publications sur les réseaux sociaux assurent que la présidente par intérim de la Bolivie Jeanine Añez aurait effacé des vieux messages compromettants sur Twitter. L'AFP a pu vérifier que la plupart de ces tweets ont bel et bien existé.

Interrogée à ce sujet, la sénatrice de droite a nié avoir publié des messages "malintentionnés" et a accusé le camp d'Evo Morales d'avoir employé des "guerriers numériques" pour falsifier son compte. "J'ai vu quelques tweets que je n'ai jamais écrits", a ajouté cette avocate de 52 ans qui affiche fièrement sa foi chrétienne, sans préciser lesquels.

Le nouvel an aymara

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(capture d'écran facebook du 14 novembre 2019)

"Pas de nouvel an aymara, ni d'étoile du matin ! Bande de sataniques, personne ne peut remplacer Dieu !", peut-on lire sur une des captures d'écran qui circule, en référence aux festivités indigènes qui se célèbrent tous les 21 juin dans les communautés autochtones de Bolivie, du Chili, d'Argentine et du Pérou pour marquer le début du nouveau cycle agricole. 

Ce tweet a été publié par Mme Añez le 20 juin 2013, à la veille de la célébration, avant d'être effacé. Le message est encore visible sur le site Wayback Machine, qui archive les pages web. Outre les nombreuses captures du tweet circulant sur internet, ce dernier peut se trouver en faisant une recherche avancée sur Google.

La Bolivie "libre" de ses indigènes

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Capture d'écran d'un supposé tweet

C'est une des captures d'écran les plus partagées. Il s'agit d'un supposé tweet datant du 14 avril 2013: "Je rêve d'une Bolivie libre des rites sataniques indigènes, la ville n'est pas faite pour les indiens, qu'ils aillent vers l'Altiplano ou le Chaco", en référence au Pantanal, qui s'étend entre la Bolivie, le Brésil et le Paraguay et qui constitue la plus grande zone humide de le planète. 

L'AFP n'a trouvé aucune trace de cette publication, ni sur l'historique des tweets de Mme Añez sur Wayback Machine, ni sur la recherche avancée de Google, et ne peut donc assurer que ce tweet a bien existé.

Evo, le "pauvre indigène"

Des captures d'écran d'un tweet datant du 5 octobre 2019, où la présidente qualifie celui qui est alors encore président de Bolivie de "pauvre indigène" "accroché au pouvoir", sous un dessin d'Evo Morales agrippant un fauteuil présidentiel. 

Un journaliste de l'AFP a pu faire une capture d'écran montrant le tweet sur le compte d'Añez quelques minutes avant qu'il ne soit effacé. Il est également resté archivé dans Wayback Machine.

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(Capture d'écran d'un tweet le 13 novembre 20149, supprimé depuis)

Doutes sur les peuples originaires

D'autres publications sur les réseaux sociaux relaient la capture d'écran d'un tweet où Mme Añez émet des doutes sur des personnes apparaissant sur une photo, en se demandant s'ils font partie des peuples "originaires".

Le tweet date du 6 novembre, peu avant son arrivée au pouvoir. Il a été effacé depuis. On le retrouve sur Wayback Machine et sur la recherche avancée de Google.

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(Capture d'écran d'une publication récupérée grâce à Wayback Machine, le 13 novembre 2019)

Les explications de Mme Añez

"J'ai vu quelques tweets que je n'ai jamais écrits", a-t-elle déclaré vendredi lors d'une conférence de presse sans préciser lesquels. 

"Un des mécanismes de manipulation qu'utilisait le gouvernement d'Evo Morales, c'est justement les réseaux sociaux avec les célèbres guerriers numériques qui (...) étaient chargés de surveiller les (comptes sur les) réseaux sociaux des politiciens comme moi qui avons une autre manière de penser, qui avons choisi de vivre en démocratie et librement et qui sommes en train de nous battre pour cela, dans le but de falsifier les comptes", a-t-elle ajouté.

Traduit de l'espagnol par Tupac Pointu
EDIT 21/11 : précisions apportées sur l'incertitude autour du deuxième tweet

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