Le président Emmanuel Macron participe à une cérémonie d'accueil sur l'île d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, le 5 mai 2018 ( AFP / LUDOVIC MARIN)

Cette photo n'a pas été prise lors du déplacement d'Emmanuel Macron en Polynésie mais en Nouvelle-Calédonie

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 02 août 2021 à 14:41
  • Lecture : 6 min
  • Par : AFP France
Un article du site Riposte Laïque prétend, photo à l'appui, qu'Emmanuel Macron, en déplacement en Polynésie depuis le 25 juillet, a fait l'objet d'une "plaisanterie" en se retrouvant "affublé d'une coiffe de fleurs pour les filles". Mais cette image a été prise en 2018, lors d'un voyage du président en Nouvelle-Calédonie, où "l''offre d'une couronne de fleurs à un visiteur éminent", inspirée de la tradition polynésienne, est courante.

"Petite facétie que seuls les insulaires du Pacifique peuvent apprécier : la couronne dont on l’a affublé au cours de sa promenade. [...] Or il y a des couronnes de feuilles pour les garçons, des coiffes de fleurs pour les filles, et d’autres disposées d’une certaine manière pour les invertis. Devinez à laquelle il a eu droit", écrit le site Riposte Laïque dans cet article intitulé "Macronescu le tyran se ridicule en Polynésie", publié le 26 juillet.

Et, poursuit le site, "dans la tradition, un mahu (efféminé) ne pouvait être roi". Le même jour, le site a publié un second article, avec la même photo, titrant cette fois : "Des Polynésiens ont affublé Macron d’une couronne réservée aux homos".

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Capture d'écran prise le 28/07/21 sur le site Riposte Laïque
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Capture d'écran prise sur le site Riposte Laïque le 02/08/2021

 

 

Les deux articles se classent, à en croire le classement des articles les plus lus du site, en tête des papiers consultés avec plus de 34.000 vues. 

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( Juliette MANSOUR)

Un cliché pris en 2018 en Nouvelle-Calédonie

Le président de la République est arrivé le 25 juillet à Papeete, sur l’île de Tahiti, pour un déplacement de quatre jours en Polynésie française. Mais contrairement à ce qu'affirme le site Riposte Laïque, cette photo n'a pas été capturée à cette occasion.

Ce cliché a été pris par un photographe de l'Agence France-Presse, Ludovic Marin, le 5 mai 2018, alors qu'Emmanuel Macron se trouvait en Nouvelle-Calédonie. Emmanuel Macron était sur place pour la deuxième étape d'une tournée dans le Pacifique, six mois avant le référendum sur l'indépendance de l'archipel.

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"Le président était accueilli sur l'île d'Ouvéa", une île de l'archipel, a précisé Ludovic Marin le 28 juillet.  La population l'escortait vers le lieu de la cérémonie de l'accueil coutumier traditionnel en Nouvelle-Calédonie".

Or, en Nouvelle-Calédonie, offrir une couronne ou un collier de fleurs aux chefs d'Etat n'a rien d'une "plaisanterie" mais témoigne au contraire d'une marque de respect, comme l'a expliqué à l'AFP le 2 août l’anthropologue Alban Bensa, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie et de la culture du peuple kanak.

"L'offre d'une couronne de fleurs à un visiteur éminent s'inspire de la tradition polynésienne. Les Kanaks n'avaient aucune intention de se moquer du Président de la République mais simplement de l'accueillir comme on le fait en Polynésie, ce geste étant devenu très courant dans tout le Pacifique", a précisé Alban Bensa.

Avant Emmanuel Macron, Jacques Chirac s'était ainsi également vu offrir un collier de fleurs lors de son déplacement sur l'archipel en 1986, tout comme l'homme politique néo-calédonien Jacques Lafleur et Nicolas Sarkozy - à l'époque secrétaire général du RPR - en 1998.

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Le premier ministre français Jacques Chirac, coiffé d'un chapeau traditionnel, sourit le 29 août 1986 lors de son arrivée à Nouméa. ( AFP / REMY MOYEN)
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Jacques Lafleur, président-fondateur du RPCR et Nicolas Sarkozy, secrétaire général du RPR lors d'un meeting du RPCR pour le "oui" au référendum sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie le 3 novembre 1998. ( AFP / PASCAL GUYOT)

 

 

François Hollande avait lui aussi reçu des colliers de fleurs à son arrivée à Wallis et Futuna, en 2016. Sur les images de la cérémonie d'accueil de l'ex-chef d'Etat, des hommes portent eux-aussi de nombreux colliers de fleurs.

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Le président français François Hollande prononce un discours lors d'une cérémonie de "la grande chefferie du royaume d'Uvea" sur l'île de Wallis, le 22 février 2016 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN)

Alban Bensa note que "les Kanaks n'offrent pas de colliers de fleurs entre eux et pas plus aux femmes" dans la vie courante, mais que cette tradition est souvent utilisée pour accueillir des invités car "l'utilisation des couronnes de fleurs à la manière polynésienne est une attitude plus  facilement compréhensible que les échanges coutumiers Kanaks d'étoffes, de monnaies de coquillages, etc... qui pourraient mettre dans l'embarras la personne importante venue d'une autre civilisation pour s'entretenir avec eux sur l'avenir du pays."

"Les enjeux politiques de la Nouvelle-Calédonie sont trop importants pour que les Kanaks prennent le risque de ternir les discussions en cours en se moquant de leur interlocuteur. Les Kanaks n'ont jamais manqué de respect envers un Président de la République Française venu à leur rencontre. Même dans les pires moments", affirme enfin l'anthropologue.

Déplacement d'Emmanuel Macron en Polynésie

Par ailleurs, à son arrivée en Polynésie, Emmanuel Macron a reçu de nombreux colliers de fleurs, mais il n'en a jamais été recouvert jusqu'aux genoux, comme le montre la photo d'illustration de l'article de Riposte Laïque. Ce cliché est un montage humoristique, a expliqué à franceinfo l'auteur de la vidéo retouchée, d'où Riposte Laïque a tiré sa capture d'écran.

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Emmanuel Macron et le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu sont couverts de colliers de fleurs, lors d'une cérémonie d'accueil dans l'atoll de Manihi, dans l'archipel des Tuamotu, en Polynésie française, le 26 juillet 2021. ( AFP / LUDOVIC MARIN)

 

 

Au cours de ces quatre jours de visite, Emmanuel Macron a visité le  Centre Hospitalier de la Polynésie française, s'est rendu sur l'île d'Hiva Oa pour appuyer la candidature des Marquises à l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, ou encore sur l'atoll de Manihi dans les Tuamotu pour visiter une centrale électrique hybride qui a permis de faciliter l'électrification de l'atoll.

Le président français a également solennellement reconnu "une dette" de la France envers la Polynésie pour les essais nucléaires réalisés de 1966 à 1996 dans le Pacifique. Reconnaissant que ce dossier sensible affectait "la confiance" entre Papeete et Paris, il a annoncé que les victimes de ces essais, dont certains souffrent de cancer, devaient être mieux indemnisées.

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