Attention à ces remèdes vendus sur internet et présentés comme des traitements contre le sida

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 24 juillet 2023 à 16:27
  • Mis à jour le 24 juillet 2023 à 16:42
  • Lecture : 5 min
  • Par : SUY Kahofi, AFP Côte d'Ivoire
Des remèdes naturels à base de plantes contre le sida ? C’est ce que proposent plusieurs publications virales sur Facebook. Attention : selon les spécialistes interrogés par l’AFP, il n’existe à ce jour aucun remède capable de guérir le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Les traitements antirétroviraux, seuls préconisés en cas d'infection, empêchent néanmoins le virus de se multiplier et permettent aux personnes séropositives de vivre "normalement".

"Traitements bio 100% naturel du VIH SIDA", promettent toutes les publications identifiées. L’une d’elles, qui cumule plus de 5.000 partages, précise que la décoction proposée à la vente en ligne, "très efficace", provient de "fruits, légumes, épices, aliments et racines de plantes naturelles" et ne contient "aucun produit chimique". Ces produits, dont la composition exacte n’est jamais précisée, "n’ont pas d'effet secondaire dans l'organisme", affirment également leurs promoteurs.

Si certaines publications indiquent la durée du traitement (archivée ici), d’autres ne fournissent pas de précision sur la posologie nécessaire pour "guérir" du VIH/sida (archivée ici). Dans le souci de vendre et d’exporter partout dans le monde leurs produits, certains docteurs et chimistes du web n’hésitent pas à traiter de "gros mensonge de l’OMS" l’information selon laquelle "le VIH SIDA est incurable" (1, 2, 3).

Image
Capture d'écran Facebook effectuée le 24 juillet 2023
Image
Capture d'écran Facebook effectuée le 24 juillet 2023

 

 

Aucun remède

Ces remèdes vendus sur Facebook ont-ils réellement une efficacité contre le VIH-SIDA ? Sont-ils capables de guérir la maladie et débarrasser le corps du virus ? Contacté par l’AFP, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (Onusida) est formel : à ce jour, "il n’est pas possible de soigner le VIH".

Pas de remède, et pas de vaccin non plus pour l'instant permettant de se protéger de cette maladie, comme le rappelle l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa foire aux questions consacrée à ce sujet.

"Il existe toutefois un traitement efficace, qui s’il est commencé rapidement et pris régulièrement, permet à une personne vivant avec le VIH d’avoir une qualité et une espérance de vie similaires à celles des personnes saines", a précisé le service presse de l’Onusida dans son courrier daté du 21 juillet, faisant référence aux antirétroviraux.

"Les médicaments antirétroviraux sont utilisés pour traiter l’infection au VIH (Virus de l'Immunodéficience Humaine). Ils bloquent la prolifération du virus dans l’organisme. Lorsqu’une personne vivant avec le VIH suit une thérapie antirétrovirale efficace, elle n’est plus infectieuse", abonde le Dr Camille Anoma, directeur de l’ONG Espace Confiance, un organisme en charge de la lutte contre sida en Côte d’Ivoire.

Selon les données les plus récentes de l’Onusida, 85,6 millions de personnes [entre 64,8 et 113 millions] ont été contaminées par le VIH depuis le début de l’épidémie dans les années 1980. De plus, environ 39 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde en 2022 et 1,3 million de personnes ont été infectées au VIH la même année. Toujours en 2022, quelque 630.000 personnes sont mortes de maladies liées au sida.

Selon Coulibaly Noufo Hamed, psychologue au sein de l’ONG ivoirienne de lutte contre le sida Lumière Action, "l’espoir dans la lutte réside dans le fait que 29,8 millions des 39 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde reçoivent un traitement antirétroviral".

Image
Un patient séropositif en consultation dans un hôpital de quartier de Thyolo, au Malawi, le 26 novembre 2014 ( AFP / MARCO LONGARI)

Faux docteurs, vrais profits

En dépit de ces chiffres encourageants, et malgré tout le travail de prévention réalisé, la désinformation sur le VIH/sida continue de se répandre, déplorent les acteurs de la lutte. Pour Coulibaly Noufo Hamed cela s’explique par la représentation que se font les populations du VIH. "Les croyances, idéologies et opinions continuent d’associer le VIH/sida a une maladie sans traitement et donc synonyme de mort absolue. Il y a aussi ce sentiment de honte, la discrimination, de stigmatisation et de rejet des malades qui poussent certains à se murer dans le silence", explique le psychologue.

Selon Guillaume Dakoury, directeur d’une radio de proximité en Côte d’Ivoire, investi dans le travail de sensibilisation, "les pseudo-docteurs ou guérisseurs traditionnels qui prétendent tous guérir le sida jouent aussi un rôle dans la circulation de ce type de faux messages".

"Depuis une dizaine d’années, ces charlatans inondent internet avec leurs remèdes mais certains sont encore présents sur les canaux des médias traditionnels notamment les radios communautaires. Pour lutter contre cette propagande concernant les remèdes qui guérissent le VIH/sida, les organismes en charge de la lutte encouragent les radios à refuser leurs antennes à ceux qui prétendent guérir la maladie", indique-t-il. Pour M. Dakoury, "le seul intérêt des personnes qui prétendent guérir le VIH/sida est en réalité de faire du profit avec la souffrance des personnes atteintes du virus".

En termes de prévention et de lutte contre la maladie, l’Onusida préconise les méthodes suivantes pour se protéger d’une transmission sexuelle du VIH : "des relations monogames entre partenaires sains, des rapports sexuels sans pénétration, ou une utilisation systématique et correcte d’un préservatif masculin ou féminin".

En ce qui concerne les préservatifs, l’agence onusienne a indiqué à l’AFP que "les préservatifs à la qualité certifiée sont les seuls produits actuellement disponibles qui protègent contre une infection sexuelle du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles". "Pour une protection optimale, les préservatifs doivent être utilisés correctement et systématiquement. Ils peuvent glisser ou rompre en cas d’utilisation incorrecte, ce qui diminue leur effet protecteur. Lorsqu’ils sont utilisés correctement, les préservatifs constituent un moyen efficace pour empêcher les infections au VIH chez la femme et l’homme", a ajouté l’Onusida.

Image
Des militants allument des bougies lors d'une campagne de sensibilisation à l'occasion de la Journée mondiale du sida, à Calcutta, en Inde, le 1er décembre 2022 ( AFP / DIBYANGSHU SARKAR)

Et en cas de doute, le premier réflexe à avoir est de faire un test de dépistage (TDR, stat pack, autotest...) qui détecte les anticorps produits par le système immunitaire en réaction à l'infection au VIH. Celui-ci permet de connaitre son statut sérologique, et en cas de résultat positif, de consulter rapidement un professionnel de santé pour avoir accès à un traitement approprié.

Le VIH peut se transmettre à travers quatre modes de contamination : les rapports sexuels non protégés, la transfusion de sang contaminé, le partage de matériel d'injection, chirurgical ou d'autres instruments pointus, et la transmission de la mère à l'enfant, comme le rappelle l'OMS.

24 juillet 2023 ajoute nouveaux liens archivés

Vous souhaitez que l'AFP vérifie une information?

Nous contacter