Coronavirus : des mesures françaises de confinement similaires à l'Espagne et à l'Italie
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- Publié le 19 mars 2020 à 11:50
- Mis à jour le 19 mars 2020 à 11:51
- Lecture : 4 min
- Par : Thomas SAINT-CRICQ
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Pour tenter d'endiguer la vague d'épidémie de coronavirus, qui a fait 8.794 morts dans le monde (bilan au 18 mars), la France instaure "des mesures de confinement strictes, les plus strictes en Europe", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner mardi 17 mars à midi.
Quelques heures plus tôt, Marine Le Pen affirmait l'inverse. Evoquant le Conseil scientifique, qui avait réclamé le dimanche 15 mars un confinement "à l'italienne", la présidente du Rassemblement national déplorait : "Eux (le Conseil scientifique) souhaitaient un confinement strict. Or nous ne sommes pas aujourd'hui dans le cadre d'un confinement strict".
Avant la France, l'Espagne et l'Italie avaient drastiquement limité les possibilités de déplacement de leur population. L'AFP a comparé les mesures de ces trois pays.
Quels déplacements autorisés ?
Le décret du gouvernement français autorise les déplacements uniquement pour cinq motifs :
- se rendre à son travail ou pour un déplacement professionnel indispensable, "pour des activités ne pouvant être interrompues, ni organisées sous forme de télétravail", a précisé le ministre de l'Intérieur.
- faire des achats de "première nécessité" ou de "fourniture nécessaire à l'activité professionnelle"
- "déplacement pour motif de santé"
- "déplacement pour motifs familiaux impérieux (...), assistance de personne vulnérable ou pour la garde d'enfants"
- des "déplacements brefs", près du domicile et "liés à l'activité physique individuelle (...) et aux besoins des animaux de compagnie"
Le motif du déplacements devra être déclaré dans une attestation sur l'honneur par la personne qui devra la montrer en cas de contrôle par les forces de l'ordre.
Les mesures italiennes et espagnoles consultées par l'AFP exigent des conditions similaires, sauf pour les sorties liées à l'exercie physique, exclues par l'Espagne de la liste des motifs valables.
Le décret espagnol introduit toutefois une notion assez souple qui autorise les déplacements pour"toute autre activité d'une nature analogue (aux motifs précédents, ndlr) suffisamment justifiée".
Dans son questions-réponses qui détaille les mesures aux citoyens, le gouvernement italien ajoute "une interdiction absolue" de quitter le domicile pour les personnes mises en quarantaine ou testées positives au coronavirus, et précise qu'il n'est "pas possible de conduire une moto à deux".
Combien de temps ?
En Italie, le décret a d'abord mis sous cloche la partie nord du pays, avant d'être étendu à tout le territoire dans la nuit du 9 au 10 mars, jusqu'au 3 avril. La péninsule comptait alors 9.172 cas de contaminations détectés et 463 morts du Covid-19 depuis le début de l'épidémie, selon les chiffres officiels.
Les restrictions seront "prolongées à leur échéance" a annoncé, sans donner de date de fin, le Premier ministre italien Giuseppe Conte le 19 mars.
La France et L'Espagne ont instauré ces mesures de confinement général pour une durée de 15 jours, susceptible d'être renouvelée. Le gouvernement espagnol a placé le pays en "état d'alerte" dès le samedi 14 au soir (5.753 cas et 183 morts à cette date).
En France, les mesures ont pris effet le 17 mars à midi. La veille au soir, Santé Publique France chiffrait le bilan total de l'épidémie à 5.523 cas et 127 morts.
Quels travailleurs peuvent se déplacer ?
En France, tous les établissements recevant du public (restaurants, bars, musées, commerces) ont interdiction d'ouvrir leur porte, mais peuvent, le cas échéant, continuer leur activités de "livraison".
Les services de santé ou les points de vente alimentaire peuvent rester ouverts au public, ainsi que certains commerces et services particuliers comme les garages automobiles, la réparation d'ordinateurs ou les services funéraires (la liste complète ici, en annexe).
Des conditions similaires s'appliquent dans les deux pays voisins, à quelques différences près : par exemple l'Espagne a initialement autorisé l'ouverture des salons de coiffure avant de l'interdire le lendemain.
Quelles sanctions ?
En France, à ce stade, toute personne qui ne respecte pas les règles des restrictions de déplacements sera punie d'une contravention de 135 euros (majorée à 375€ en cas de non paiement dans les 45 jours), selon un décret paru au Journal officiel le 18 mars.
Un total de 4.095 amendes ont été dressées le même jour pour non-respect des règles du confinement à travers toute la France, selon le ministre de l'Intérieur.
En Italie, le non-respect de ces règles de déplacement peut aller jusqu'à 206 euros d'amende ou trois mois de prison, avec une potentielle inscription au casier judiciaire.
En Espagne, le décret "ne crée pas une régime de sanctions particulier" explique le ministère de l'Intérieur à l'AFP. La police "applique les réglements en vigueur en fonction de chacun des comportements (...) en veillant à ce que les sanctions restent proportionnées".