Non, l’ancien footballeur Frédéric Kanouté n’a pas déclaré que la France était complice des jihadistes au Mali
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- Publié le 21 novembre 2019 à 21:47
- Mis à jour le 22 novembre 2019 à 11:25
- Lecture : 3 min
- Par : Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
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"A M. l'ambassadeur de France au mali, monsieur le mali et les maliens sont témoins de la complicité de votre pays avec les supposés djihadistes. Cette complicité résume la stratégie néocolonialiste de la France à la destruction et la division de notre pays". Ces deux phrases sont le début d’un message virulent attribué à l'ancien attaquant de Tottenham et du FC Séville et diffusé sur Facebook par plusieurs pages burkinabè, ainsi que quelques pureplayers maliens - à l’instar de Bamada ou Malijet.
Selon la page Facebook Faso News, l’ancien footballeur international de 42 ans Frédéric Oumar Kanouté serait à l’origine d’un texte qualifiant la France de "pays le plus criminel du monde", et l’accusant de piller les ressources minières du Mali.
Cette publication, datée du 20 novembre, a depuis été partagée quelque 250 fois et a généré une centaine de commentaires prenant au sérieux cette déclaration et condamnant l’intervention française dans ce pays du Sahel en proie aux violences jihadistes.
Mais l’ancien attaquant n’est pas à l’origine de ce message. Le jour même, Frédéric Oumar Kanouté a déclaré, sur son compte Twitter officiel, que ces propos n’étaient pas les siens. "Des déclarations que j’aurais faites circulent sur les réseaux sociaux à propos de l’ingérence de la France au Mali. Ces déclarations sont fabriquées et bien entendu si je souhaite en faire elles viendront de mon compte certifié", a affirmé le Ballon d'or africain 2007.
Des déclarations que j’aurais faites circulent sur les réseaux sociaux à propos de l’ingérence de la France au Mali. Ces déclarations sont fabriquées et bien entendu si je souhaite en faire elles viendront de mon compte certifié.
— Fred Oumar KANOUTÉ (@FredericKanoute) November 20, 2019
Cette rumeur fait écho aux récentes déclarations du chanteur Salif Keita. Le 14 novembre, cet artiste malien de renommée internationale a posté sur sa page Facebook officielle une vidéo de quatre minutes dans laquelle il accuse la France de financer les jihadistes. "Tu sais pertinemment que c’est la France qui poste des gens pour tuer les Maliens. C’est la France qui paie des gens pour faire ça, pour ensuite faire courir des rumeurs disant qu’il s’agit de djihadistes. Tu sais bien que c’est la France… Mais quand-même tu vas donner ta main à ce (….). Te montrer main dans la main avec lui (le président français Emmanuel Macron, ndlr) pour dire que c’est ton ami", dit-il, en langue locale bambara, à l’adresse du président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Sa vidéo a été partagée plus de 18.000 fois depuis sa publication.
Le 15 novembre, l’ambassade de France au Mali a publié, sur sa page Facebook, un communiqué en réponse aux accusations de l'icône malienne de la musique et de la cause albinos. "L’Ambassade de France dénonce avec la plus grande fermeté ces propos au caractère infondé, diffamatoire et outrancier. A l’instar des nombreuses autres rumeurs ayant libre cours au Mali, de tels discours font le jeu de ceux qui cherchent à semer la discorde et entretenir le chaos. Ils sont également une offense à la mémoire des civils et militaires, maliens, français et internationaux, victimes de la barbarie terroriste au Mali", y lit-on.
Depuis leur apparition dans le nord du Mali en 2012, les violences jihadistes se sont propagées vers le centre du pays et au Burkina et au Niger voisins, malgré la présence des forces françaises (Barkhane), régionales (force conjointe du G5 Sahel comprenant le Mali, le Burkina, le Niger, la Mauritanie et le Tchad) ou de l'ONU (Minusma).
D'aucuns doutent de l'efficacité des armées nationales et de ces forces étrangères face à cette propagation. Lundi, le Premier ministre français Edouard Philippe a appelé depuis le Sénégal, frontalier du Mali, à ne laisser "aucune chance, aucune prise" aux jihadistes du Sahel.