Non, l'université de Machakos au Kenya n'a pas ouvert un cursus de sorcellerie
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- Publié le 19 février 2021 à 17:18
- Mis à jour le 19 février 2021 à 17:18
- Lecture : 2 min
- Par : Tendai DUBE, Mary KULUNDU, AFP Afrique du Sud
- Traduction et adaptation : François D'ASTIER
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Ces publications ont été partagées des dizaines de fois en français sur Facebook depuis le 20 décembre (1,2,3,4,5). Des affirmations identiques ont également été relayées plus de 1.500 fois en anglais (ici ou ici par exemple).

"Urgent, l'Université du Kenya ouvre une faculté de sorcellerie. Le premier cycle débute en avril 2021", peut-on lire dans ces publications.
Une recherche par mots clefs sur Google permet de trouver l'origine de cette histoire, publiée pour la première fois sur le site satirique anglophone PostaMate, titrée : "L'université Machakos lance une licence en sorcellerie (Machakos University Launches A Bachelor’s Degree In Witchcraft, NDLR)".
Alors que ce site s'identifie comme une source "d'articles satiriques et sarcastiques", les publications francophones et anglophones qui relaient la fausse nouvelle ne mentionnent pas son caractère fictionnelle.

La sorcellerie est une pratique ancrée dans l'histoire de la région de Machakos, située au sud-est de la capitale du Kenya Nairobi.
De nombreuses études (ici ou encore ici) détaillent la place importante de cet art dans la culture locale, ce qui pourrait expliquer pourquoi l'université a été choisie par le site satirique.
Une étude anthropologique, publiée par l'université de Cambridge en 2011, explique comment, dans les années 1950, les autorités coloniales ont tenté de mettre fin à la sorcellerie dans la région de Machakos en demandant aux sorcières et sorciers de renoncer à cette pratique.
Pas de diplôme de sorcellerie à l'université
Sur sa page Facebook officielle, l'université de Machakos a publié l'article satirique en y apposant un filigrane "faux", le 20 décembre 2020.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de l'université, Adam Shishia, a confirmé qu'aucun diplôme de sorcellerie n'était proposé aux élèves.
Il a expliqué qu'il s'agissait d'une mauvaise interprétation d'un diplôme de master. "Un module (de sorcellerie, NDLR) existe bien, mais il ne s'agit pas d'un cursus complet permettant de dire qu'un étudiant a passé 'un diplôme de sorcellerie'", a précisé Adam Shisia.
Selon lui, de nombreuses universités dans le monde ont des modules consacrés à la sorcellerie dans le cadre d'études d'arts - "mais il ne s'agit pas de cursus entier consacré à la sorcellerie"
La recherche du mot "sorcellerie" sur le site de l'université liste un master en arts nommé "Religion, Sorcellerie, Magie et Science"
Des cursus similaires ont été repérés par l'AFP au Canada, en Australie et aux Etats-Unis.